RFI: Ce que l'Ukraine attend du sommet de l'OTAN à Varsovie

Reportage diffusé sur RFI, le 09/07/2016A Varsovie, dans le cadre du sommet de l’Otan, se tient ce samedi 9 juillet une réunion stratégique de chefs d’Etat entre l’Alliance Atlantique et l’Ukraine. Ce pays d’Europe de l’Est dénonce, depuis 2014, une agression de la Russie à travers l’annexion de la Crimée et un conflit meurtrier dans le Donbass, à l’est. Les forces armées, encore très post-soviétiques, ont entamé un vaste processus de réforme, et attendent beaucoup de l’Otan. A Kiev, pour en parler, Sébastien Gobert s’est entretenu avec le major général Anatoliy Petrenko, directeur du département d’orientations stratégiques et de relations internationales.

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C’est dans une salle de conférence fraîchement rénovée que le Major Général Anatoliy Petrenko s’installe. Le message doit être clair: même au ministère de la défense d’Ukraine, les choses changent, et se modernisent. D’après le Major Général, l’enjeu est de taille.Anatoliy Petrenko: Nous ne voulons pas améliorer ou maintenir les forces armées d’Ukraine. Nous voulons les transformer radicalement pour en faire une nouvelle institution de sécurité et de défense nationale. Il s’agit aussi de respecter les critères de candidature à l’OTAN. Reliquat de l’Armée Rouge, délaissée pendant les deux décennies d’indépendance, l’armée ukrainienne a en plus à faire face à un défi colossal.Anatoliy Petrenko: Le défi, c’est de mettre en oeuvre cette réforme alors que les hostilités se poursuivent dans l’est du pays, et que nous subissons une menace directe depuis le sud. La Crimée a été annexée illégalement. Il y a une présence de troupes étrangères dans l’est du pays. Les réformateurs de la défense souffrent aussi de restrictions budgétaires et d’une résistance active de nombreux généraux encore ancrés dans l’idée soviétique d’une opposition fondamentale à l’OTAN.Certains résultats sont déjà visibles, même si le processus de réformes traîne en longueur. Dans ce contexte, Anatoliy Petrenko attend beaucoup des alliés occidentaux. Pas le déploiement de troupes dans l’est de l’Ukraine, mais bien un soutien sans faille.Anatoliy Petrenko: Après le sommet de Varsovie, nous bénéficierons d’un paquet d’assistance complet. Nous allons créer un centre de coordination de commandement, nous allons nous oeuvrer à la modernisation de notre logistique et de notre capacité médicale, nous comptons améliorer notre défense cybernétique, la protection de notre système énergétique et nos communications stratégiques.Le Major Général se dit bien au fait des résistances au sein des pays de l’OTAN à un rapprochement avec l’Ukraine. Beaucoup en Occident ne font pas confiance aux Ukrainiens, taxés d’incompétence et de corruption, et craignent qu’une expansion de l’OTAN puisse irriter le Kremlin. Mais pour Anatoliy Petrenko, la raison première de ce rapprochement, ce sont les Ukrainiens eux-mêmes.Anatoliy Petrenko: Avant, entre 35 et 45% de la population soutenait l’adhésion à l’OTAN. Aujourd’hui, c’est plus de 78%. D’ici à 2020, nous devons faire en sorte que les forces armées d’Ukraine soient fonctionnelles et interopérables, et qu’elles respectent les critères de candidature à l’OTAN. Ce sont les Ukrainiens eux-mêmes qui prendront la décision ultime de l’adhésion. Autrement dit, la relation entre l’OTAN, la Russie et une Ukraine en guerre devrait faire longtemps parler d’elle. Et alimenter les craintes, fondées ou non, sur une nouvelle guerre froide.Ecouter le reportage ici
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