France Culture: L'adieu de l'ami américain
Papier diffusé dans les journaux de la matinale, sur France Culture, le 15/01/2017A 5 jours de la passation de pouvoir entre l’administration de Barack Obama et celle de Donald Trump, le vice-président américain Joe Biden consacre une partie de son dernier déplacement à l’étranger à Kiev, en Ukraine. Une manière de rassurer un pays anxieux de la politique américaine à venir. C’est l’ultime voyage adieu de l’ami américain. Joe Biden a soutenu l’Ukraine avec constance pendant l’annexion de la Crimée par la Russie et dans la guerre hybride qui fait rage dans l’est du pays. En dehors de ses visites officielles, les échanges téléphoniques avec le Président Petro Porochenko ont aussi été très fréquents, parfois jusqu’à plusieurs par semaine. Alors que Barack Obama vient de prolonger pour un an les sanctions américaines à l’encontre de la Russie, le vice-président sur le départ vient rassurer ses partenaires, mais aussi dresser le bilan du partenariat entre les Etats-Unis et l’Ukraine. Depuis la Révolution en 2014, les réformes et la lutte contre la corruption n’ont pas été suffisamment rapides au goût des Américains. A Washington et dans d’autres capitales occidentales, une certaine lassitude est palpable sur le dossier ukrainien. D’un autre côté, l’administration de Barack Obama est critiquée pour ses réactions trop timorées face aux manoeuvres russes. Washington s’est longtemps refusé à livrer de l’équipement militaire et des armes aux Ukrainiens. Et si Joe Biden s’est rendu à Kiev 5 fois depuis début 2014, Barack Obama est le premier président américain à ne jamais avoir fait le déplacement en Ukraine indépendante. Joe Biden vient aussi probablement donner des conseils à Petro Porochenko sur la manière de traiter avec la future administration de Donald Trump. Les dirigeants de Kiev sont mal à l’aise, car ils avaient plus ou moins soutenu la candidature d’Hillary Clinton, contre un Donald Trump jugé trop proche de la Russie. Peut-être Petro Porochenko parviendra-t-il à établir une relation de travail stable avec le prochain locataire de la maison blanche. Mais pour l’heure, à Kiev, le départ de l’administration Obama ouvre une dangereuse période d’incertitude.