Après la chute de Selydove, quelle prochaine cible russe?
La ville de Selydove est tombée cette semaine
Maintenant c’est officiel, il peut rester des Ukrainiens dans la partie ouest mais la ville est clairement perdue pour l’Ukraine.
Et si vous n’avez pas entendu parler de Selydove avant, c’est normal
car cette ville d’environ 25000 habitants avant la guerre a été prise par les Russes en un temps record.
Alors maintenant il faut se poser la question de l’avance russe sur ses prochaines cibles et notamment Pokrovsk.
Bonjour à tous c’est Sébastien, bienvenue dans cette vidéo où l’on fait un point sur la situation sur les fronts ukrainiens. Les Nord-Coréens ne sont pas encore entrés en action, mais même sans eux, la situation est difficile.
Donc Selydove, c’est une ville à une quinzaine de kilomètres au sud de Pokrovsk
Elle était sur la route des Russes et elle leur était importante pour consolider leurs flancs
donc il était normal qu’ils s’y attaquent.
Le plus surprenant, c’est la faible résistance des Ukrainiens dans cette ville, qui a été prise, selon les rapports du terrain, quasiment intacte.
On se rappelle des champs de ruines de Bakhmut, Avdiivka, Vulhedar,
c’est parce que les forces ukrainiennes y avaient opposé une féroce résistance et que la bataille avait duré des mois
là, les Ukrainiens se sont retirés très vite,
ce qui pose toujours la question de savoir s’il s’agit d’une stratégie ukrainienne ou d’une reculade généralisée.
Parce que si l’on regarde avec un peu de distance, on voit que les Ukrainiens reculent, généralement
Mais il faut différencier: après la perte de Vulhedar, les Ukrainiens ont perdu beaucoup de terrain mais c’était prévisible, j’en avais parlé dans mes vidéos précédentes
qu’autour de Vulhedar, c’est la steppe, sans aspérités, sans obstacles, sans abris
et donc il était normal que les Ukrainiens ne s’acharnent pas
et que les Russes avancent vite.
Par contre, à Toretsk, un environnement urbain assez dense au nord de New York, les Russes progressent très très lentement.
Pareil à Tchassiv Yar où les Russes peinent à prendre pied de l’autre côté d’un canal.
Donc on voit que les Ukrainiens sont en difficulté, mais ne reculent pas partout de la même manière,
Ils souffrent de problèmes structurels dont j’ai déjà parlé: faiblesses des ressources humaines, insuffisances d’équipement et de munitions, manque de couverture aérienne,
Mais les Russes subissent les mêmes contraintes
et même si l’on voit qu’ils avancent plus rapidement maintenant que depuis le début de la guerre,
ce sont toujours des avancées tout à fait modérées pour l’armée du plus grand pays du monde, qui était considérée avant 2022 comme la seconde armée du monde après celle des Etats-unis.
Si l’on considère l’objectif affiché de conquérir l’oblast de Donetsk,
il reste aux Russes 10.000 kilomètres carrés pour arriver aux frontières administratives de l’oblast.
Et même si l’on considère le rythme accéléré qu’ils suivent depuis quelques semaines,
il leur faudra une année entière pour arriver à cet objectif.
Et ça, c’est à supposer qu’ils puissent tenir ce rythme.
Et qu’ils aient les capacités de s’attaquer aux grandes villes de l’oblast: Drujkivka, Konstantinivka, Kramatorsk, Sloviansk.
Les pertes humaines sont l’un des secrets les mieux gardés de cette guerre, mais elles se chiffrent en dizaines de milliers
Et pour l’attaquant russe, elles ont été plus importantes que celles des défenseurs ukrainiens, la défense ayant quasiment toujours un avantage sur l’attaque.
Donc le front ukrainien ne va pas s’effondrer, loin de là,
Mais quoiqu’il en soit, les Ukrainiens sont dans une position difficile, c’est évident.
Avec la chute de Vulhedar et celle de Selydove, la position de Kurakhove est compromise
et donc on peut s’attendre à ce que toute cette poche se résorbe dans les prochaines semaines, les prochains mois.
A Toretsk, la bataille sera âpre, mais maintenant que les russes sont dans la ville, il est difficile d’imaginer qu’ils en soient délogés.
Pareil pour Tchassiv Yar.
A Koupiansk, au nord-est, les Russes se rapprochent de la ville et de la rivière Oskil.
Kupiansk a été évacuée et c’est clairement une situation difficile sur place.
A Koursk, le territoire contrôlé par les Ukrainiens se réduit aussi comme peau de chagrin, ce qui pose la question de la pertinence de l’opération.
D’autant plus que c’est visiblement le premier terrain de déploiement du contingent nord-coréen.
Donc, encore une fois, le front ne va pas s’effondrer d’un coup. Mais la situation est difficile
et cela pose toujours la même question, celle de l’aide occidentale et de la définition des buts de guerre des occidentaux
et pour ça, il faut attendre encore 5 jours les résultats de l’élection présidentielle américaine.
Merci!