Cessez-le-feu: deux scénarios
Marco Rubio le secrétaire d’Etat américain est à arrivé en Arabie saoudite ce matin
pour entamer des pourparlers directs avec une délégation russe
au sujet de la résolution de la guerre russe en Ukraine
En Ukraine, et en Europe en général, on regarde ça de loin puisque l’on n’est pas invités,
en se demandant ce qu’il va ressortir de ces discussions.
mais la grande question c’est surtout, quelle sera la réaction des Ukrainiens et des Européens à ce qui sera décidé à Riyad?
Bonjour à tous, c’est Sébastien, bienvenue dans cette nouvelle vidéo que j’enregistre alors que l’on est dans le dur à la fois de cette tentative américaine de régler la guerre russe en Ukraine
mais aussi dans la redéfinition des liens transatlantiques.
Et aujourd’hui j’enregistre cette vidéo en proposant deux scénarios pour la suite de l’invasion russe de l’Ukraine
soit un diktat americano-russe et une mauvaise paix
soit un sursaut européen qui prolonge la guerre tant que l’Ukraine obtient une position plus favorable.
On a suivi de très près ce qui s’est passé ce weekend à Munich,
la manière dont le vice-président américain JD Vance a choqué les Européens en ne parlant non pas de sécurité mais en critiquant les modèles politiques, médiatiques et migratoires européens
ce qui fait que beaucoup d’analystes ont d’ores et déjà fait le choix de ne plus parler d’occident, d’occidentaux, mais de relation transatlantique
on est vraiment à un tournant historique, et d’ailleurs l’organisateur de la conférence, qui était faite à la base pour faire converger les intérêts stratégiques des Américains et des Européens a terminé en pleurs
on a vu les représentants de l’administration Trump multiplier les déclarations contradictoires sur l’envoi de troupes, le calendrier, la prise en compte des intérêts européens et ukrainiens
on a vu Volodymyr Zelensky tenter d’appeler à la formation d’une armée européenne
à un sursaut européen,
et il y a aujourd’hui à Paris une rencontre des principaux dirigeants européens pour discuter leur position commune face à Donald Trump
On vit un coup d’accélérateur de l’histoire, non seulement de l’histoire de la guerre russe en Ukraine
mais de redéfinition de notre perception du monde en général
évidemment c’est la fin du système international telle qu’on l’a pratiqué depuis 1945,
Après les ondes de choc successives de l’Ukraine, du proche-orient et maintenant du second mandat Trump, on sent bien qu’il n’y aura pas de retour en arrière
cette fin du système international de 1945, conforté en 1991,
elle se déroule dans le contexte de la fin du monde à l’occidental, voire la fin de l’occident comme j’ai dit
un monde modelé, pour le pire et par le meilleur, par les Européens et les Américains depuis le 16e siècle.
Et ces deux transitions sont contenues dans une troisième, celle du changement climatique.
donc on vit véritablement un coup d’accélérateur de l’histoire.
———————————————
Dans ce contexte, les Américains et les Russes mènent à partir d’aujourd’hui des négociations bilatérales sur l’Ukraine
Officiellement c’est sans l’Ukraine
Mais comme Volodymyr Zelensky sera demain en Arabie saoudite où il avait prévu de parler économie et commerce,
on n’imagine pas qu’il n’aura aucun contact avec les délégations américaines et russes
évidemment il n’y a rien d’officiel mais ça paraît très peu probable qu’ils se snobent à Riyad.
mais comme ce n’est pas officiel, il y a peu de chances que la position ukrainienne pèse beaucoup dans la balance.
On ne sait pas ce qui va en sortir, mais on a déjà compris les concessions que Donald Trump est prêt à consentir à la partie russe
il est persuadé que l’Ukraine est prête à faire la paix et à accepter beaucoup de couleuvres donc il préfère traiter directement avec Vladimir Poutine qui lui doit être convaincu.
Ce qui fait que l’on peut obtenir des discussions à Riyad une ébauche d’accord qui soit très favorable à Moscou et beaucoup plus dur avec Kyiv.
Il peut y avoir des tactiques de négociations, des ajustements à la marge, des subtilités dans les déclarations du Président américain, qui sait,
Mais le rapport de force a l’air établi et on peut deviner que ça va se passer comme ça.
donc on peut imaginer cessez-le-feu selon les lignes actuelles, une perte de territoires pour Kyiv, une levée des sanctions pour Moscou, et d’autres considérations sur des élections ou une réduction de l’armée ukrainienne
A partir de là, deux scénarios sont envisageables
soit les Américains et les Russes trouvent le moyen d’imposer cet accord à l’Ukraine
ils ont beaucoup d’arguments et de moyens à leur disposition pour ce faire.
Soit les Européens font bloc et soutiennent suffisamment les Ukrainiens pour qu’ils refusent cet accord russo-américain.
et donc la guerre se poursuit jusqu’à temps que l’Ukraine soit dans une meilleure position et qu’elle puisse obtenir une paix juste et durable.
Evidemment je pourrai partir sur plus de scénarios, sur un scénario 1bis, 2bis,
et dans tous les cas il y aura des ajustements, des modifications, des subtilités dans le calendrier d’application des termes d’un accord
Mais je garde cette présentation synthétique.
dans le premier scénario, ce qu’il faut voir c’est qu’un accord de cessez-le-feu tel que Trump le présente ne constituera qu’une pause
puisqu’il ne satisfera ni les Russes, qui veulent subjuguer toute l’Ukraine, ni les Ukrainiens qui n’accepteront pas cet état de défaite, la perte de leurs territoires, de leur population et, franchement, de leurs perspectives d’avenir.
Donc si Donald Trump réussit à imposer cet accord aux Ukrainiens, ce ne sera qu’une pause
et moi je suis persuadé que cette pause elle durera jusqu’à la fin de son mandat
il s’arrangera avec Vladimir Poutine pour ne plus être dérangé et pouvoir dire, après moi le déluge, moi j’ai tout fait bien
n’oublions pas que Donald Trump vise le prix Nobel de la paix parce que Barack Obama l’a eu en son temps.
Dans le deuxième scénario, les Européens font ce qu’ils disent qu’ils veulent faire depuis 2022, c’est à dire soutenir l’Ukraine aussi longtemps que nécessaire
et empêcher une victoire de la Russie qui aura des conséquences désastreuses pour eux dans le long terme.
ça, ils peuvent le faire si l’Ukraine le demande, et on voit que Volodymyr Zelensky n’est pas prêt à capituler en rase campagne non plus
ce weekend à Munich il a révélé qu’il a refusé de signer un accord sur l’exploitation des terres rares ukrainiennes par les Américains parce qu’ils n’offrait pas de garantie de sécurité suffisante.
ça, c’est relativement possible, parce que les Européens ont des moyens économiques, financiers et commerciaux
et d’ailleurs en termes de volume financier, ils ont aidé l’Ukraine bien plus que les Etats-Unis
et de manière générale on n’est plus dans le monde de Yalta ou de Brejnev-Nixon, quand deux ou trois personnes pouvaient régler le sort du monde
Donald Trump et Vladimir Poutine aimeraient le croire mais le jeu est bien plus complexe
Là où le bât blesse, c’est sur le soutien militaire. Les Européens n’ont pas les mêmes capacités que les Américains et il y aura des lacunes, des pénuries, des trous dans l’approvisionnement à l’Ukraine
et dans l’amélioration des capacités défensives européennes
et financièrement parlant, ça fera mal. Ca sera très dur pour les Européens
Mais si on se pose la question du coût de l’action, il faut toujours se poser la question du coût de l’inaction.
et ça on le voit depuis 2022: les manquements des Occidentaux à l’époque n’ont fait que prolonger la guerre et alourdir la note, pour eux comme pour les Ukrainiens
donc, deux scénarios possibles, avec évidemment leurs nuances
et on sera assez vite fixés, puisque les discussions se tiennent en ce moment à Riyad
et que Donald Trump veut un résultat rapide
on parle de 100 jours, on parle d’avant Pâques, on parle d’avant le 9 mai la fête de la victoire soviétique,
ce n’est pas très pertinent de s’imposer ce calendrier, mais en tout cas on sera fixés rapidement.
Merci