Edito LLB: Au-delà des mensonges de Vladimir Poutine

Edito publié dans la Libre Belgique, le 27/10/2022

On pourrait remplir des pages entières en plus des volumes déjà consacrés aux mensonges de la Russie de Vladimir Poutine, tous plus invraisemblables les uns que les autres. Dernier en date : l'Ukraine, pourtant à l'initiative sur le terrain militaire, fabriquerait une "bombe sale", voire une ogive nucléaire, aRn de la faire détoner sur son propre territoire, de contaminer son propre environnement et de nuire à sa propre population. On s'ébahit. Et pourtant. Dans les propos du chef de guerre tchétchène Ramzan Kadyrov, les Ukrainiens sont récemment passés du statut imaginé de "nazis" à celui de "satanistes". Leur perversité présumée ne devrait donc étonner personne.

Il est bien évidemment de la responsabilité des Occidentaux de s'assurer que l'Ukraine de Volodymyr Zelensky ne prépare pas d'attaque nucléaire en Europe. Mais aucun signe ne pointe dans cette direction. Les Américains, maîtres absolus du renseignement dans cette guerre, ne s'alarment aucunement. La piste du mensonge russe est donc à privilégier. Sans s'y attarder. Il faut voir au-delà. Si le Kremlin et sa machine de désinformation inventent de telles fadaises, c'est qu'ils sont désespérés par leurs revers militaires. Les coups de Rl du ministre de la Défense russe Sergueï Choïgou à ses homologues américains, britanniques ou français, les premiers depuis de longs mois pour leur "vendre" cette théorie de la "bombe sale" ukrainienne, peuvent être interprétés comme des appels à rouvrir des négociations. Deuxièmement, cet énième boniment nous démontre que Vladimir Poutine n'en démord pas de sa "stratégie du désordre", selon l'expression d'Isabelle Mandraud et de Julien Théron. Il persiste à vouloir brouiller nos grilles de lecture, détourner notre attention de ses crimes d'agression, d'annexion et probablement de guerre. L'hypothèse de la "bombe sale" pourrait aussi viser à attribuer à d'autres une atrocité qu'il a lui-même brandie comme une menace à de nombreuses reprises. Cet autocrate ne changera plus. Son régime ne peut être considéré comme un interlocuteur Rable. Toute négociation avec ce Kremlin ne pourrait pas fonder les conditions d'un apaisement durable. Un accord de paix ne serait qu'un aveu de faiblesse occidental aux yeux de Vladimir Poutine. Une simple trêve avant de repartir à l'assaut, sur la base de nouveaux mensonges

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