Fin de partie à Tbilissi?

Les résultats de l’élection législative du 26 octobre ont beau être toujours contestés

par l’opposition, la société civile et les Occidentaux,

le nouveau Parlement géorgien a entamé ses travaux hier 25 novembre.

Une nouvelle preuve que l’oligarque au pouvoir, Bidzina Ivanishvili, ne reculera plus devant rien pour mettre en oeuvre son programme.

Avec en ligne de mire l’interdiction des partis d’opposition

Bonjour à tous c’est Sébastien et bienvenue dans cette vidéo où l’on fait un point rapide sur la situation en Géorgie

et sur ses perspectives de développement.

Après les élections du 26 octobre, de multiples fraudes et violations ont été rapportées

et les résultats sont contestés par l’opposition, la société civile et les Occidentaux

Mais aucun recours en justice n’a abouti

Et il est clair depuis des semaines que le gouvernement en place ignore complètement les protestations, dans la rue, les médias ou les cercles diplomatiques

Selon la Constitution, l’inauguration du Parlement devait être convoquée par la Président Salomé Zourabichvili

Une ancienne diplomate française, aujourd’hui chef de l’Etat,

une des principales figures de l’opposition au parti au pouvoir le rêve géorgien contrôlé par Bidzina Ivanishvili

Mais même sans convocation émise par la Président, le Parlement s’est assemblé.

Ce qui prouve que Bidzina Ivanishvili ne se soucie plus des critiques ou du respect des apparences.

Le Parlement géorgien, c’est une assemblée de 150 députés

Mais hier, ils n’étaient que 89 à prendre leur siège dans l’hémicycle,

les 61 élus de l’opposition boycottent cette législature

Une stratégie de boycott qu’ils ont déjà essayé auparavant

il faut rappeler que le rêve géorgien est au pouvoir depuis 2012

Mais qui n’apporte que des résultats modérés

d’autant plus que si l’opposition ne s’exprime pas au Parlement,

et bien les contestations dans la rue sont timides.

On a vu des grandes manifestations ces dernières semaines de centaines de milliers de personnes dans les rues de Tbilissi.

Mais hier 25 novembre, ils étaient à peine plus d’un millier

en cause, la fatigue, la sensation d’une situation sans issue et aussi la peur

car le régime de Bidzina Ivanishvili est parti pour appliquer son programme

il a promis d’interdire l’essentiel des partis d’opposition,

de reprendre en main des médias affiliés à l’opposition

et de verrouiller la société civile à travers une loi sur les agents de l’étranger

le coeur du programme étant un éloignement de la Géorgie des valeurs et principes européens

et un ancrage de plus en plus marqué à la Russie

sachant que Bidzina Ivanishvili a la majorité de ses intérêts d’affaires en Russie

et qu’il est depuis les années 1990 partie prenante du système politique russe.

Un des projets les plus ambitieux sera de rétablir des relations diplomatiques entre Moscou et Tbilissi

qui ont été interrompues en 2008 à la suite de la guerre et de l’occupation russe de 20% du territoire géorgien.

Bidzina Ivanishvili l’a déjà annoncé, il voudrait que la Géorgie présente ses excuses pour la guerre de 2008

ce qui serait un séisme géopolitique car la ligne jusqu’ici c’est de considérer que la Russie a initié l’invasion du pays

Si cela est fait, si la Géorgie présente ses excuses, alors cela pourra devenir un précédent que le Kremlin voudra reproduire en Moldavie vis-à-vis de la Transnistrie et bien sûr en Ukraine.

Alors, quelles peuvent être les perspectives pour l’opposition?

En dehors des protestations de rue, il n’y a pas beaucoup de choses que les Géorgiens peuvent faire

Il n’y a rien à attendre des Occidentaux que des condamnations, des regrets et des inquiétudes

la mobilisation peut se revivifier lors de l’élection du Président de la république qui doit se tenir avant le 14 décembre

le chef de l’Etat, donc le successeur de Salomé Zurabichvili, sera élu par des grands électeurs, pas au suffrage universel direct.

il y a une autre échéance électorale, celle des municipales de 2025

qui sera aussi un moment important car l’opposition doit se reconstituer des bastions régionaux si elle veut peser sur la scène nationale, ce qui lui fait défaut à l’heure actuelle.

Mais généralement, les perspectives ne sont pas bonnes pour l’opposition

et on peut s’attendre à des intimidations, des pressions policières et des arrestations dans les prochains mois.

Et plus globalement, la Géorgie est du mauvais côté de la mer Noire,

si une majorité de sa population désire l’intégration européenne du pays,

elle est coupée de l’Union européenne par le champ de bataille que sont l’Ukraine et la mer Noire.

On a vu que c’est le contexte de guerre qui a poussé Bidzina Ivanishili à faire tomber les masques et à adopter une attitude ouvertement pro-russe.

et donc tant qu’il n’y a pas une évolution significative dans le conflit, du côté ou de l’autre, son attitude ne changera pas.

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