La Géorgie plonge dans la violence
La violence s’installe dans les rues de Tbilissi, la capitale géorgienne
les manifestations contre la décision du gouvernement de suspendre le processus d’intégration européenne
sont brutalement réprimées par les forces de l’ordre
depuis le 28 novembre
Mais non seulement les protestataires ne désarment pas
mais la contestation s’étend à d’autres villes du pays.
Le Premier ministre avait prévenu qu’un Maidan ne se tiendrait pas en Géorgie,
mais on s’en rapproche beaucoup
Bonjour à tous, c’est Sébastien, bienvenue dans cette vidéo où l’on s’intéresse de près à l’évolution de la situation en Géorgie
elle est très instable, et que la proximité de la Russie et de ses forces armées la rend inflammable
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A Tbilissi on n’avait pas connu un tel niveau de violence depuis la chute de l’URSS
La révolution des roses en 2003 avait connu quelques épisodes brutaux mais pas de cette ampleur.
Là, cela fait trois nuis d’affilée que l’on assiste à des batailles rangées entre forces de l’ordre et manifestants
avec des scènes de brutalité policière très marquée, comme vous le voyez sur ces images.
Dans la nuit du 28 au 29 novembre, 107 manifestants ont été interpellés, plus d’une dizaine sérieusement blessés.
A l’heure où j’enregistre cette vidéo on ne connaît pas encore le bilan de la nuit du 29 au 30 novembre.
Il est important de noter que c’est le gouvernement qui a le premier employé la force
au cours des derniers mois les manifestants s’étaient démarqué par des rassemblements pacifiques
mais ces derniers jours, l’exécutif a décidé de passer la vitesse supérieure et de tenir ses promesses de campagne,
l’une d’entre visant à interdire des partis d’opposition et à museler la société civile
l’usage de la violence semblait assez inévitable.
Loin de se décourager, les protestataires reviennent à la charge chaque soir
en bloquant l’avenue Rustaveli, l’artère principale de Tbilissi qui passe devant le Parlement
Ce soir encore, ils sont environ 10000 personnes dans le centre de la capitale,
ils ont érigé de nouvelles barricades pour prévenir l’arrivée des forces de l’ordre
et en plus la contestation s’est étendue à plusieurs villes du pays: Batumi, Zugdidi, Kutaisi, Telavi, Gurjaani, and other Georgian cities.
Là, on ne peut pas s’empêcher de faire un rappel historique car il y a 11 ans exactement, le gouvernement ukrainien de Viktor Ianoukovitch avait fait la même erreur d’employer la violence
c’était dans la nuit du 29 au 30 novembre à Kiev où les policiers avaient tabassé des étudiants
et alors que les protestations se calmaient, cet acte de violence les a redynamisé
et on sait comment ça a fini.
On le sait, on en a déjà parlé sur cette chaîne, ces protestations sont dirigées contre le parti Le rêve géorgien
au pouvoir depuis 2012, contrôlé par Bidizina Ivanishvili, oligarque tout puissant qui a des liens intimes avec le système politique russe
les opposants l’accusent de dérive autoritaire, d’avoir fraudé les élections de la fin octobre, et tout récemment
le 28 novembre, d’avoir suspendu le processus d’adhésion à l’Union européenne jusqu’à la fin 2028
Jusqu’à la fin 2028, la Géorgie renonce aussi à toute aide financière de la part de Bruxelles.
Je l’avais déjà dit ici, dans le contexte de la guerre en Ukraine, Bidzina Ivanishvili a choisi sa rive de la mer noire
et a fait tomber le masque
pour se rapprocher de la Russie.
et donc en plus des lois précédentes calquées sur le modèle russe on pouvait attendre rapidement
l’interdiction de partis d’oppositions
la présentation d’excuses de la Géorgie pour la guerre de 2008
la reprise de relations diplomatiques entre Tbilissi et Moscou.
et une intégration renforcée avec la Russie
Avec l’accélération violente des protestations, ce n’est plus aussi sûr qu’il y a quelques jours.
La présidente Salomé Zurabichvili, principale figure de l’opposition actuellement,
a condamné cette interruption du processus d’intégration européenne en accusant le gouvernement d’avoir déclaré la guerre à son propre peuple.
vient d’annoncer aujourd’hui qu’elle ne quittera pas son poste comme il était prévu fin décembre
car elle considère le parlement illégitime et refuse donc que cette assemblée élise son successeur
En plus, Salomé Zourabichvili a annoncé qu’elle forme un conseil permanent, une sorte de comité de salut public
avec les différents partis d’opposition
ca montre une structuration de l’opposition qui n’entend pas baisser les bras.
L’opposition qui porte la mémoire historique des mobilisations réussies de 1989-1990 contre l’URSS
et de 2003 contre le régime d’Eduard Shevernadzé
Mais cela étant dit, on est dans un contexte très différent ici
d’une part parce que le régime de Bizdina Ivanishvili a employé la violence très vite, très fort
et donc on peut s’orienter vers un scénario bélarusse, j’entends par là la répression très dure des manifestations en 2020
mais d’autre part, parce que l’armée russe est à une cinquantaine de kilomètres!
Et qu’elle a aussi infiltré la société, les médias, la politique, les forces de l’ordre, l’armée géorgiens depuis de longues années
comme c’était le cas au Bélarus d’ailleurs
On se rappelle, en 2013-2014, la Russie avait avancé à visage masqué pour soutenir Viktor Ianoukovitch sur Maïdan
et ensuite pour annexer la Crimée et initier des troubles dans plusieurs régions
là, dans le contexte de guerre en Ukraine, Vladimir Poutine a dévoilé son jeu le 24 février 2022
et donc on imagine mal qu’il reste sans rien faire
ce qui fait que si les manifestants remportent leur pari dans la rue face à Bidzina Ivanishvili
ils devront sans doute faire face à une intervention russe
à moins qu’ils ne trouvent le moyen de donner des gages immédiats au Kremlin
reste encore à savoir ce que ça peut être.
on n’en est pas encore là, pour l’instant il s’agit d’observer cette situation ultra-tendue en Géorgie
et on suivra évidemment ça de près sur cette chaîne
Merci