France Culture: Démonstration de force des nationalistes ukrainiens à Kiev

Papier diffusé dans les journaux de la matinale, sur France Culture, le 15/10/2017

Environ 10000 personnes ont défilé dans les rues du centre de Kiev, la capitale ukrainienne. Des militants de mouvements radicaux de l’extrême-droite nationaliste et controversée, très actifs bien que  mineurs sur la scène politique. La marche a conclu la journée des défenseurs de la patrie, une fête nationale très importante dans ce pays en guerre. A Kiev, Sébastien Gobert

A la lueur de centaines de flambeaux, le cortège débouche sur Maïdan Nezalejnosti, la place de l’indépendance. Les manifestants observent une minute de silence à la mémoire des morts de la Révolution de 2014, avant de reprendre leur marche. Les militants sont jeunes, pour certains cagoulés. Ils sont affiliés au parti nationaliste Svoboda, aux ultras-radicaux de Praviy Sektor et de Natsionalniy Korpus, le parti né du très controversé bataillon Azov. En plus du jour des défenseurs de la patrie, la foule célébrait les 75 ans de la création de l’UPA, l’armée insurrectionnelle ukrainienne, elle aussi très controversée. Dans les années 1940, l’UPA avait combattu contre les Soviétiques pour l’indépendance nationale. Elle s’était associée un temps avec les Nazis et avait commis des massacres de Juifs et de Polonais.

Sous la surveillance de centaines de policiers, les militants ont scandé des slogans patriotiques et nationalistes. “Rappelle toi, étranger, qu’ici le maître c’est l’Ukrainien!” Un slogan qui s’explique dans le contexte de guerre contre la Russie, dénoncée comme agresseur. Au moins 10000 personnes ont perdu la vie dans le conflit à l’est. En Crimée annexée, les arrestations arbitraires et procès politiques se multiplient. Les Ukrainiens ont une haute opinion de leurs forces armées, mobilisées depuis 2014. Des centaines de cérémonies officielles se sont tenues toute la journée pour rendre hommage aux défenseurs de la nation, dans leur sens large. La marche aux flambeaux était organisée en parallèle, pour clôturer la journée. Les slogans des manifestants trahissaient néanmoins une xénophobie latente et un penchant pour l’autoritarisme des mouvements représentés. Ils inquiètent de nombreux observateurs, de même qu’une large partie de l’opinion publique.

Ce 14 octobre, les images étaient impressionnantes, et la chorégraphie du défilé bien préparée. Le fait que le cortège ait eu l’autorisation de parcourir tout le centre de Kiev, du parc Shevchenko à Kontraktova Plosha, sur le Podil, est un succès en soi, et un signe de complaisance des autorités. La démonstration de force était claire. Ce n’était ni la première, ni la dernière. Les nationalistes demeurent néanmoins des mouvements marginaux, canalisés par le pouvoir central. Rien n’indique que ces ultra-radicaux pourraient structurer une force politique conséquente avant les élections de 2019.

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