France Culture: Réintégration du Donbass à Kiev, missiles Grad sur le terrain
Papier diffusé dans les journaux de la matinale, sur France Culture, le 05/10/2017
Le Parlement ukrainien pourrait voter aujourd’hui, 5 octobre, une loi sur la réintégration des territoires séparatistes de l’est du pays. C’est une question épineuse à Kiev. La guerre contre les forces russes et pro-russes fait toujours rage depuis le printemps 2014. Elle a coûté la vie à plus de 10.000 personnes, et les opinions divergent sur la manière de ramener la paix.
Le Président Petro Porochenko a classé ce projet de loi comme “urgent”. Les députés sont donc invités à voter avec empressement un texte qui a été élaboré à huis clos pendant des semaines. En fait, il s’agit de deux textes. L’un marque un changement fondamental de la réthorique gouvernementale: il dénonce la Russie comme agresseur, désigne clairement les groupes armés mobilisés contre l’Ukraine et les limites des territoires temporairement occupés. Il renforce la cohérence des actions des forces armées. Le second projet de loi prolonge un statut spécial des territoires occupés pendant une période transitoire d’un an. Pour Petro Porochenko, il s’agit de clarifier sa position dans les négociations de paix de Minsk. Dans l’hémicycle, le dépôt de ces projets fait néanmoins débat: certains considèrent qu’ils sont trop accomodants, voire qu’ils ouvrent la voie à la normalisation des territoires séparatistes, au travers du processus de Minsk. Beaucoup d’Ukrainiens considèrent les séparatistes comme de simples pantins de Moscou. Le négociateur de paix russe à Minsk a d’ores et déjà rejeté le texte comme un obstacle aux pourparlers. Lui insiste pour qu’un statut spécial du Donbass soit clairement défini, et illimité dans le temps. Sur le terrain, la réalité est tout autre: loin des disputes politiques, la guerre continue. Le déploiement de casques bleus de l’ONU avait été discuté un temps. Il semble reporté sine die. Les populations civiles restent la proie de bombardements quotidiens. Le 4 octobre, des missiles Grad ont été tirés près du port de Marioupol. Des missiles particulièrement meurtriers, qui n’avaient pas été utilisés depuis des mois. Ils rappellent les pires heures du conflit.