France Culture: Un énième cessez-le-feu violé dans le Donbass. En attendant les Casques Bleus?
Papier diffusé dans les journaux de la matinale, sur France Culture, le 06/03/2018
Le Donbass, cette région industrielle à l’est de l’Ukraine, est toujours déchiré par la guerre hybride qui oppose forces ukrainiennes aux forces pro-russes et russes. C’est une guerre de position, ponctuée de duels d’artillerie meurtriers. Les belligérants négocient le déploiement d’une mission de Casques Bleus de l’ONU. En attendant, ils ont décidé d’un nouveau cessez-le-feu… A Novhorodske, Sébastien Gobert
Ce devait être le premier jour d’un “calme absolu”. Les belligérants avaient convenu d’une nouvelle trêve à partir de minuit, le 5 mars. Mais selon le porte-parole de l’armée ukrainienne Dmytro Gutsulyak, cela n’a pas duré longtemps.
Colonel Dmytro Gutsulyak: Dès le 5 mars à 01h00 du matin, l’accord de cessez-le-feu était violé. Pendant une grande partie de la nuit, des tirs d’armes automatiques et de mortiers ont visé nos positions près de la ville de CHASTYA.
Les forces pro-russes et russes rejettent elles toute la responsabilité de la rupture de la trêve sur l’armée ukrainienne. Depuis 2014, il est très difficile de faire la part des choses, dans le contexte d’une féroce guerre d’information. Ce qui est sûr, c’est qu’aucun des multiples cessez-le-feu n’a tenu plus de quelques jours. Un contingent de Casques Bleus de l’ONU semble être le seul à même de s’interposer entre les belligérants et de mettre un terme aux combats. Les négociations entre la Russie et l’Ukraine sont néanmoins féroces sur les conditions de la mission: faut-il sécuriser la seule ligne de front ou aussi les territoires séparatistes? La Finlande a déjà annoncé qu’elle était prête à prendre part au contingent. Comment composer le reste de la force de maintien de la paix? De quel type de mandat peut-elle être dotée? Le ministre des affaires étrangères à Kiev, Pavlo Klimkin, joue la prudence. Tant sur l’issue des négociations que sur le calendrier.
Dmytro Klimkin: Si on adopte une décision politique sur l’envoi d’une force de maintien de la paix, son déploiement effectif prendra 8, 9, 10 mois au minimum. Ca ne peut pas se faire en une vingtaine de jours.
A Novhorodske, à 5 kilomètres de la ligne de front du Donbass, l’annonce de la trêve du 5 mars et de sa rupture immédiate sont passées inaperçues. Après 4 ans d’un conflit meurtrier et épuisant, la population n’attend même plus un arrêt des combats dans un futur proche. Et encore moins, un retour à une vie normale.