France Culture: Les Ukrainiens se chauffent moins pour compenser l’arrêt des livraisons de gaz russe
Papier diffusé dans les journaux de la matinale, sur RFI, le 04/03/2018
L’Ukraine une nouvelle fois aux prises avec le gaz russe. Le géant Gazprom a été condamné le 28 février par la court internationale d’arbitrage à Stockholm, à payer 2,5 milliards de dollars à la compagnie ukrainienne Naftogaz. En réaction, le fournisseur russe refuse de payer, et a brutalement interrompu ses livraisons le 1er mars. Depuis, les Ukrainiens s’organisent, alors que les températures restent glaciales. A Poltava, Sébastien Gobert
Ce n’est pas encore une guerre du gaz. Mais il plane bien sur l’Ukraine une réelle inquiétude. Naftogaz a signé un contrat en urgence avec un fournisseur polonais, pour assurer des livraisons de gaz naturel jusqu’à la fin mars. Les autorités ont aussi demandé aux ménages de réduire leur consommation, et ont ordonné la fermeture d’écoles et d’universités. Avec succès: le directeur de Naftogaz, Andriy Kobolyev s’est réjoui d’une baisse de 14% de la consommation depuis le 1er mars. Dans le même temps, le flot de gaz russe vers l’Union européenne continue sans interruption. Certains critiquent Naftogaz pour son manque de préparation face à cette crise. La compagnie s’estime au contraire dans son bon droit, confortée par le verdict de la cour de Stockholm. Elle utilise sa réaction rapide et efficace comme un message patriotique, et une nouvelle dénonciation de l’agression russe. Gazprom est décrié comme un mauvais perdant, qui ne respecte pas ses engagements internationaux et utilise le gaz comme une arme politique. Les Ukrainiens appellent les Européens à réagir face à l’hypocrisie et l’incohérence de la compagnie russe, en particulier en ce qui concerne la construction du nouveau gazoduc Nordstream vers l’Allemagne. Les Européens sont eux, plus prudents, et se proposent comme médiateurs dans cette énième crise du gaz.