RFI: Une “victoire historique” de Naftogaz à Stockholm qui ne règle pas la querelle gazière
Papier diffusé dans le journal de midi, sur RFI, le 01/03/2018
L’Ukraine se félicite d’une “victoire historique” dans la querelle gazière qui l’oppose à la Russie. Hier, la cour internationale d’arbitrage de Stockholm a condamné le géant russe Gazprom à payer 4,63 milliards de dollars à la compagnie du gaz ukrainienne Naftogaz. En vertu d’un jugement antérieur qui était défavorable aux Ukrainiens, la partie russe doit effectivement payer 2,56 milliards de dollars. Le verdict est un énième rebondissement des “guerres du gaz” ukraino-russes, aggravées par le contexte de guerre dans l’est de l’Ukraine. La décision ne résout toutefois pas l’ensemble de la dispute. A Lviv, Sébastien Gobert
A en croire le Président ukrainien Petro Porochenko, cette victoire sur Gazprom est une victoire sur le Kremlin de Vladimir Poutine. Le procès a duré près de 4 ans. Pour les Ukrainiens, il a représenté une des rares opportunités de faire valoir leurs droits en tant que pays victime d’une agression de la Russie. Vu de Kiev, la querelle gazière figure au même rang que le conflit militaire à l’Est, les embargos économiques ou encore la guerre de l’information. Toujours est-il que que les 2,56 milliards de dollars exigés par la Cour de Stockholm ne sont pas encore sur le compte de Naftogaz. Gazprom a annoncé le 1er mars qu’elle contestait le jugement, et chercherait “à se défendre par tous les moyens légaux”. Ce qui se joue dans cette querelle, c’est aussi le rôle de l’Ukraine en tant que pays de transit du gaz russe vers l’Europe. Celui-ci devrait être remis en cause par la construction de deux gazoducs alternatifs, au nord et au sud. En attendant, Gazprom joue la montre et retarde le paiement des compensations dues. Ce 1er mars, la compagnie a aussi refusé de livrer à Naftogaz la quantité de gaz prévue pour le mois de mars. L’Ukraine a développé depuis 2014 des voies d’approvisionnement alternatives, et elle peut survivre sans livraison directe de gaz russe. Mais la réaction de Gazprom montre que la dispute est loin d’être enterrée.