Koursk: une semaine, et ça continue!
Plus de 1000 mètres carrés de sol russe occupés, des dizaines de villages conquis, des milliers de réfugiés russes fuyant la zone…
Les objectifs de l’incursion ukrainienne dans l’oblast de Koursk sont encore flous, mais les déclarations se font plus précises
Bonjour à tous, c’est Sébastien, et bienvenue dans cette vidéo où l’on va parler de la première attaque d’une armée sur le sol russe depuis 1943.
Cela fait une semaine que les troupes ukrainiennes ont lancé une incursion dans l’oblast de Koursk, en territoire russe.
Les Ukrainiens sont toujours avares de commentaires sur les opérations en cours.
C’est Volodymyr Zelensky qui parle le plus. Il a indiqué ce soir que 74 localités sont sous contrôle ukrainien sur un territoire représentant 1000km2
C’est plus que tous les grignotages russes de l’année 2024.
Volodymyr Zelensky a commenté sur plusieurs objectifs de l’opération:
Apporter la guerre sur le territoire russe pour que la population comprenne la situation
constituer un espèce de fonds d’échange pour échanger ces territoires contre des territoires ukrainiens occupés.
Encore faut il que l’Ukraine garde le contrôle de ces districts. Je vais y revenir.
Un troisième objectif: humilier Poutine et le déstabiliser.
Le président ukrainien a établi un parallèle avec La tragédie du sous-marin Koursk en 2000. Je cite: “Il y a 24 ans c’était le naufrage du sous-marin Koursk, qui a entaché le début du règne de Poutine. Aujourd’hui c’est encore une catastrophe à Koursk, et cela va marquer la fin de son règne.”
Ce but en particulier, il semble porter des fruits. Poutine multiplie les réunions de son conseil de sécurité.
Il a décrété de nombreuses mesures anti-terroriste. Il reste donc fidèle à sa réthorique de 2022: il n’y a pas de guerre, juste une opération spéciale et les Ukrainiens ne sont pas considérés comme des ennemis indépendants.
Le Kremlin travaille dur à impliquer les occidentaux dans cette opération, afin de répéter que la Russie ne se bat pas contre la petite Ukraine, qui n’est pas censée exister. Mais contre la grande Otan.
Reste que Poutine n’arrête pas de dire qu’il va régler le problème. Mais une semaine après, il ne l’a toujours pas réglé.
Poutine a confié la direction de la riposte à son ancien chef de la sécurité, en renforçant le FSB. C’est encore un pied de nez au ministère de la défense, qui est en pleine purge.
Et c’est encore un signe que Poutine s’appuie sur un cercle de plus en plus restreint: les siloviki des services de sécurité.
De là à parler d’un isolement il n’y aurait qu’un pas.
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L’incursion ukrainienne démontre, encore une fois, la vacuité des lignes rouges fixées par le Kremlin. La Russie est envahie pour la première fois depuis 1941, et c’est la première fois où Moscou ne brandit pas la menace nucléaire…
L’incursion met aussi en avant un changement de politique de la part des Occidentaux, qui ne s’offusquent pas du tout de l’occupation de territoire russe.
C’est un changement fondamental pour les Occidentaux, Américains en tête, qui ont toujours refusé que l’Ukraine riposte en Russie même.
Cela ouvre de nouvelles perspectives pour d’éventuelles opérations ukrainiennes prochaines.
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Tout cela étant dit, les objectifs de cette opération restent flous.
Remonter le moral des Ukrainiens, miner celui des Russes, c’est important. Zelensky est un homme du spectacle et il sait l’importance des victoires.
Mais pour que ce soit une victoire, il faut que les Ukrainiens évitent de lourdes pertes et une retraite catastrophique.
Ils peuvent soit consolider leurs positions, soit se retirer sur des positions plus avantageuses, toujours en Russie, et conserver ainsi un point de fixation pour les Russes.
Ou alors ils peuvent repasser d’un seul coup de l’autre côté de la frontière et laisser planer le doute sur une nouvelle incursion, ailleurs, un autre jour.
A moins, comme certains experts supposent, que cette incursion ne soit qu’une diversion d’une manoeuvre plus structurelle sur l’un des fronts ukrainiens.
Aujourd’hui, on a constaté que la Russie dégarnit le flanc sud, Kherson et Zaporijia, pour acheminer des renforts vers Koursk.
Par contre, la situation à l’est reste toujours sous tension, les Russes grignotent, et ne sont plus qu’à une quinzaine de kilomètres de la ville moyenne de Pokrovsk.
Si l’Ukraine subit des pertes à Koursk sans pouvoir sauver le Donbass… C’est un pari risqué.
Car même si l’Ukraine garde des territoires russes comme une monnaie d’échange, que peut-elle espérer négocier avec des dizaines de villages d’une région rurale? Elle ne pourra pas espérer récupérer de grandes villes, encore moins la Crimée.
L’effet psychologique, et je termine par là, est remarquable, cela dit. Depuis une semaine, le traitement médiatique d’une guerre que beaucoup considéraient comme enlisée, voire perdue, a changé.
Les Ukrainiens ont montré qu’ils pouvaient encore nous surprendre. Et ce n’est sans doute pas la dernière fois.
Merci