Le Diktat Trump
Peut-être que l’Ukraine va devenir russe, peut-être pas
mais en tout cas, on veut récupérer notre argent et donc les terres rares de l’Ukraine
cette dernière déclaration de Donald Trump sur la chaîne américaine Fox News
sonne comme un avertissement,
évidemment pour l’Ukraine qui doit apparemment choisir entre céder à la Russie ou céder aux Etats-Unis
mais aussi pour la sécurité européenne et internationale en général
Bonjour à tous, c’est Sébastien, bienvenue dans cette nouvelle vidéo où l’on parle des conséquences de la méthode Trump dans la réorganisation déjà visible des relations internationales
et de tout ce que cela peut impliquer pour l’Ukraine, et pour l’Europe en général.
Donald Trump, dans un entretien à la chaîne Fox News,
est donc revenu sur son ambition de mettre la main sur les terres rares ukrainiennes
en disant que les Etats-Unis dépensent des centaines de milliers de dollars
ce qui est comme toujours avec Donald Trump exagéré car on parle plus de 100 milliards de dollars déboursés depuis 2022
et qu’une bonne part de cet argent est resté aux Etats-Unis, pour alimenter les fabricants d’armes américains
mais donc le président a continué: il veut être remboursé. Et peut-être que l’Ukraine va faire un deal, peut-être que non,
peut-être que le pays va devenir russe, peut-être que non,
mais de toutes les manières Donald Trump veut son argent
et il veut récupérer l’équivalent de 500 milliards de dollars de terres rares ukrainiennes
ce qui est, encore une fois, bien plus exagéré par rapport à l’aide apportée depuis 2022.
Cette déclaration, elle fait suite à celle de Michael Waltz, conseiller à la sécurité de Trump
qui a dit que non seulement il veut être remboursé en terres rares,
mais en plus ce sera aux Européens de prendre en charge les garanties de sécurité pour l’Ukraine
autrement dit: les Etats-Unis imposeraient leurs conditions d’un cessez-le-feu dans leur médiation entre Ukraine et Russie,
notamment portant sur les élections, ça fera l’objet d’une prochaine vidéo
Les Etats-unis feraient main basse sur des ressources vitales pour l’Ukraine qui devaient en toute logique être intégrés dans la corbeille de la mariée quand l’Ukraine rejoindrait l’Union européenne
mais en plus, les Etats-Unis ne voudraient prendre aucune responsabilité quant au futur de l’Ukraine
On se rappelle, c’est Volodymyr Zelensky qui a le premier évoqué la possibilité de confier l’exploitation des ressources ukrainiennes à des Occidentaux
ça faisait partie du plan de la victoire présenté en septembre-octobre
mais dans l’esprit du président ukrainien, c’était du donnant-donnant: des ressources contre de l’aide
là, il se retrouverait sans ressources mais aussi sans aide, en tout cas pas sur le long terme.
Evidemment, on ne sait pas si cela va se concrétiser
et entre aujourd’hui et la semaine prochaine, il va y avoir une série de rencontres de haut niveau,
que ce soit des délégations américaines à Kiev ou la participation de Volodymyr Zelensky à la conférence sur la sécurité de Munich
Selon le quotidien britannique The Telegraph, la Maison blanche a arrêté de travailler dans son coin sur un plan de cessez-le-feu et de paix
le temps de consulter les Européens.
Donc on ne sait pas ce qui va ressortir de cette séquence.
et comme je le répète depuis novembre, le retour de Donald Trump à la Maison blanche crée des ouvertures et lance des mouvements qui peuvent aller dans tous les sens
Mais si on prend un peu plus de distance,
on voit qu’en quelques semaines au pouvoir, Donald Trump a déjà mis à bas beaucoup des fondements de l’ancien ordre international
Après l’invasion de l’Ukraine, le traitement désastreux des conflits au Proche-orient, le second mandat de Donald Trump semble sonner le glas de cet ancien ordre -
Il a menacé ses ennemis, soit d’expansion territoriale aux visées clairement impérialistes,
soit de guerres commerciales aux conséquences collectives négatives.
Et force est de constater que Donald Trump a beaucoup plus menacé ses alliés que ses adversaires
et en l’occurrence, il s’est aussi mis à menacer, à faire du chantage à l’Ukraine, victime d’une agression injustifiée et d’une guerre existentielle.
Donald Trump a aussi mis fin aux programmes d’assistance et humanitaires américains, veut démanteler l’agence USAID
ou encore les médias Radio Free Europe et Voice of America qui avaient été importants pour gagner la guerre froide et depuis soutenir les efforts réformateurs à travers l’espace post-soviétique
ça nuit à l’Ukraine et à beaucoup d’autres pays
mais ça marque surtout un abandon de la pratique de la puissance américaine à laquelle on était habitués.
Ces derniers 80 ans, l’ordre de sécurité internationale était basé sur l’idée d’Etats-Unis très puissants qui projetaient leur force sur le globe
on l’aimait ou pas, mais c’était là-dessus qu’il fallait compter quand on pensait à la géopolitique
Maintenant, Donald Trump est en train de couper les ailes à cette projection de puissance pour se concentrer sur America first
ou en tout cas de changer les modalités de cette puissance, qui ne passe plus par des alliances et des engagements de long-terme
mais par la compréhension d’un jeu à somme nulle: on ne donne que ce que l’on peut récupérer
et si on donne plus que les autres, ça veut dire qu’on a perdu.
L’ironie, c’est que la Russie a proclamé depuis des années que l’on se dirigeait vers un monde multipolaire, avec non pas un mais plusieurs centres de référence
Avant la réélection de Donald Trump, ce mouvement était lent et somme toute assez incertain, on voit comment les BRICS ont du mal à s’établir en contre-pouvoir.
Mais maintenant avec Trump on y est, et ça va très vite
Et donc dans les prochaines années, on peut s’attendre à un vide sécuritaire dans plusieurs régions du globe
car l’assurance que les Etats-Unis interviendraient si quelque chose se passait n’existera plus
et ça vaut pour l’Ukraine, pour Taiwan, pour un certain nombre de situations de conflits dans le monde
en fait il n’y a qu’Israël qui peut être sûr que les Etats-Unis l’aideront jusqu’au bout
et évidemment pour l’Otan
Avec Donald Trump au pouvoir, on comprend que si la Laponie au nord de la Finlande est attaqué
ou si la Latgale à l’est de la Lettonie est soumise à une attaque indirecte ou directe
du genre d’une attaque qui est juste au-dessus du palier de
on a désormais beaucoup de signes qui indiquent que les Américains n’interviendront pas, parce que c’est trop petit, c’est à l’Europe de gérer, et on ne pas déclencher l’article 5 pour ces régions agricoles et périphériques.
Ca, on le saura quand on y sera, évidemment. Mais les récentes actions et déclarations de DOnald Trump ont déjà entamé la fondation de cet article 5, qui est la confiance dans la solidarité transatlantique
On bascule donc dans un monde tout à fait nouveau.
à partir de là, je voudrais partir sur trois axes de réflexion
le premier, c’est sur le bilan de l’administration Biden qui clairement est désastreux
puisque leur peur de l’escalade et les retards dans les livraison d’armes, ont empêché l’Ukraine d’obtenir un avantage décisif en 2022-23,
ont prolongé cette guerre, ont permis au Kremlin de s’installer dans cette logique de conflit et de consolider ses alliances
et ont conforté Vladimir Poutine dans sa croyance en une faiblesse structurelle des Occidentaux.
Le deuxième axe, ça concerne évidemment les Européens, est-ce qu’ils peuvent compenser le désengagement américain, prendre leurs responsabilités, créer par eux-mêmes les conditions d’une dissuasion face aux menaces russes et autres
Le troisième axe, c’est sur l’analyse de la méthode Trump
comme j’ai dit, tout ce qui a été dit et fait depuis sa réélection a déjà des effets désastreux
et le glissement vers un nouvel ordre international, un désordre international, est inévitable
donc il faut en prendre conscience et s’y préparer.
mais ça n’empêche qu’il faut aussi suivre Donald Trump au cas par cas
déceler ses menaces sérieuses et ses coups de bluff
Vous avez entendu parler de cette théorie du madman, de l’homme fou
qui était une théorie développée pendant la guerre froide sous Richard Nixon pour justifier la dissuasion nucléaire
faire croire à l’autre qu’on était suffisamment fou pour tout détruire
là, on applique cette théorie à Donald Trump
en essayant de comprendre s’il est fou, s’il est extrêment intelligent en faisant croire qu’il est fou
ou simplement, et ça c’est une théore développée par la chercheuse Rym MOntaz dans le podcast Le collimateur, je mets le lien dans la description
si Donald Trump qui était un mauvais promoteur immobilier avant ne ferait pas qu’appliquer la même mauvaise méthode de négociation qu’il a pratiqué avant
pour obtenir des résultats tout aussi mauvais.
et c’est ça qu’on va comprendre, selon toute attente, dans les deux semaines qui viennent autour de l’Ukraine.