Le plan de résilience de Zelensky à 40 milliards de déficit

Hier 19 novembre, au 1000ème jour de l’invasion généralisée de l’Ukraine par la Russie,

Volodymyr Zelensky a présenté un plan de résilience au Parlement

Un plan qui présente un certain intérêt mais qui a suscité des questions quant à son financement

et dans la foulée les parlementaires ont adopté le budget 2025

qui prévoit un déficit budgétaire, donc la différence entre les recettes et les dépenses, de 45%

et un effort de guerre porté à 26% du PIB

Bonjour à tous, c’est Sébastien, bienvenue dans cette nouvelle vidéo où l’on parle des grandes orientations de la politique ukrainienne

après avoir passé le cap des 1000 jours d’invasion

et du nerf de la guerre, l’argent et les prévisions budgétaires 2025.

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Alors, c’est quoi, un plan de résilience?

Volodymyr Zelensky l’avait annoncé il y a déjà quelques semaines,

c’est un plan pour définir les grandes orientations de la politique publique en période de guerre

On peut se poser la question de pourquoi un tel plan est présenté si tard, à déjà 1000 jours d’invasion.

C’est parce que c’est avant tout une réaction aux critiques qui avaient suivi la présentation du plan de la victoire

on avait reproché à la présidence de trop demander aux partenaires occidentaux

sans mettre l’accent sur les réformes en interne et les ressources nationales

A mon sens, c’est aussi un nouveau coup de communication de la présidence

dans le sens où le plan de la victoire, il est rendu caduque par la réélection de Donald Trump

Il ne sera jamais appliqué en tant que tel, en particulier pas la première clause qui est l’assurance d’une invitation à rejoindre l’Otan.

et donc Volodymyr Zelensky occupe l’espace médiatique avec un nouveau plan.

Et d’ailleurs, ça marche puisque j’ai décidé de vous en parler aujourd’hui.

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Alors, ce plan il est en dix points

pas besoin d’entrer dans tous les détails,

Mais donc il s’agit de grandes orientations et de mesures concrètes qui sont regroupées dans des grands thèmes:

unité, front, armement, argent, énergie, souveraineté culturelle ou encore politique des héros, c’est-à-dire la politique vis-à-vis des vétérans de guerre.

Le point le plus intéressant, c’est d’ailleurs celui-ci,

l’annonce d’un grand plan d’encadrement de la réhabilitation des blessés de guerre et d’accompagnement des vétérans aux plus petits échelons territoriaux

l’ouverture de milliers de centres de référence et la formation de milliers de formateurs

On le sait, c’est un sujet qui va occuper l’Ukraine pour des décennies à venir, donc c’est intéressant de voir que le gouvernement s’en préoccupe.

pareil, la relation avec les Ukrainiens de l’étranger est une question critique pour le pays et sa démographie

et donc le Président a insisté sur l’adoption d’une loi sur la double citoyenneté

Mais là-dessus, un projet de loi est enregistré depuis des mois déjà, donc il n’y a rien de nouveau.

Et Volodymyr Zelensky n’a pas annoncé de mesures pour créer une réelle politique vis-à-vis de la diaspora.

Donc vraiment rien de nouveau

Et dans la même veine, l’essentiel des annonces a porté sur des projets qui avaient été abordés auparavant:

renforcer les effectifs des représentations diplomatiques à travers le monde

intensifier la diplomatie culturelle ukrainienne à travers ce que Volodymyr Zelensky appelle un Ramstein de la culture

consolider et fortifier les frontières nationales,

harmoniser l’espace médiatique national ou encore les relations entre le pouvoir central et les régions

dans un contexte où il n’y aura pas d’élections avant la levée de la loi martiale, ça a été répété encore hier.

Au niveau de la défense nationale, Volodymyr Zelensky entend renforcer la production nationale d’armement

en produisant 30.000 drones de longue portée et 3000 missiles balistiques

ce qui montre que l’Ukraine continue à se projeter dans un conflit de longue durée

Volodymyr Zelensky a d’ailleurs dit qu’il faudrait sans doute vivre plus longtemps que quelqu’un à Moscou, donc Vladimir Poutine, pour atteindre tous les objectifs du plan

donc vraiment une projection de long terme.

Il a utilisé cette formule, que l’Ukraine ne renoncera pas à ses droits sur les territoires actuellement occupés

ce qui est un peu différent de la formulation antérieure, de ne pas renoncer aux territoires occupés.

Là on parle de droits sur ces territoires donc l’idée peut-être de geler le conflit et ensuite de travailler à les récupérer dans le temps long.

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Donc ce plan de résilience, c’est surtout un discours, pour marquer le coup des 1000 jours de l’invasion

Il n’apporte pas grand chose de nouveau

Mais comme tout plan, il nécessite du financement et justement,

comme le Parlement était réuni en session plénière,

le gouvernement en a profité pour faire adopter le budget 2025.

Ca devait être fait avant le 1er décembre, donc là en l’adoptant plus tôt l’exécutif envoie un message d’efficacité et d’assurance

Le budget prévoit un peu plus de 45 milliards d’euros de recettes

et 83 milliards d’euros de dépenses

donc un budget nettement en déficit, à hauteur de 45%

et ça malgré une certaine reprise de la croissance économique

une vague de privatisations de gros actifs d’Etat, notamment un hôtel prestigieux dans le centre de Kyiv mais aussi un complexe de production de titane

une récente réforme de hausse des impôts, notamment de 50% les super-profits des banques, de 25% sur d’autres institutions financières

et une mise à contribution plus importante des auto-entrepreneurs.

Evidemment, ce qui pèse le plus sur le budget c’est la défense en termes globaux.

On parle d’environ 47 milliards d’euros pour 2025, soit 61% des dépenses prévues dans le budget

C’est plus de 26% du PIB

c’est colossal

et en même temps 47 milliards d’euros c’est bien en-deçà du budget de la défense russe pour 2025, estimé à 137 milliards d’euros

Ici on voit que l’Ukraine a des ressources, qu’elle entend continuer à développer ses propres capacités politiques administratives et en termes de défense

mais qu’elle reste tout à fait dépendante de l’assistance financière étrangère pour continuer à fonctionner.

Le déficit budgétaire d’environ 38 milliards d’euros, il va être couvert par l’apport occidental,

notamment le plan de 50 milliards de dollars que le G7 a adopté

mais aussi ce que l’on appelle la Ukraine facility de l’Union européenne

Il y a quelques jours, le ministère des finances a révélé que depuis février 2022 l’Ukraine a reçu plus de 100 milliards de dollars,

donc presque 100 milliards d’euros, d’assistance financière pour couvrir ses besoins budgétaires

Un tiers de cette aide est venue sous la forme de dons que l’Ukraine n’a pas à rembourser

donc les deux tiers de ces 100 milliards, c’est de l’argent que l’Ukraine doit rembourser d’une manière ou d’une autre,

à des taux souvent tout à fait préférentiels mais quand même des prêts à rembourser.

Et à ces 100 milliards s’ajoute encore l’assistance militaire

et différents programmes d’assistance pour des projets concrets

Les Européens sont les plus importants soutiens de l’Ukraine pour ce qui est du soutien budgétaire

mais si on ajoute l’assistance militaire alors ce sont les Etats-Unis qui sont les plus gros pourvoyeurs de fonds.

Donc une situation loin d’être simple pour l’Ukraine alors que 2025 sera la quatrième année de l’invasion généralisée

sachant que le retour de Donald Trump à la maison blanche risque de remettre en cause ces équilibres de soutien.

ce qui forcera peut-être les Européens à utiliser un des as qui leur reste dans leurs manches: saisir plus de 200 milliards d’euros d’actifs russes actuellement gelés sur des comptes européens

pour les transférer à l’Ukraine

je le mentionne ici en conclusion, je n’entre pas dans les détails ici

mais voilà, il est important de rappeler que ce soutien à l’Ukraine ne doit pas forcément être à la charge du contribuable européen

il peut être financé par la Russie elle-même

Merci à vous

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