Moscou attaquée

9 régions en alerte, des immeubles de Moscou en flammes, des aéroports fermés.

Dans la nuit du 9 au 10 septembre, la Russie s’est réveillée au son de drones lancés depuis l’Ukraine.

144 engins interceptés selon les autorités fédérales.

Bonjour à tous, c’est Sébastien, bienvenue dans cette vidéo où l’on parle de cette attaque, la plus grosse jamais lancée par l’Ukraine dans la profondeur russe.

Et de la stratégie ukrainienne qui est derrière. Pour résumer: est-ce que tout cela sert à quelque chose?

On parle donc de 144 drones interceptés selon les autorités russes, lancés dans la nuit sur 9 régions de Russie.

20 d’entre eux ont été interceptés au-dessus de Moscou.

Au moins une personne est décédée des suites de l’attaque.

On a vu des images de drones s’écrasant dans des zones résidentielles, des immeubles en feu, des façades abîmées.

Des images qui sont devenues habituelles pour les villes ukrainiennes depuis 2 ans et demie, voire depuis 10 ans pour certaines régions.

En parallèle des frappes en espace urbain, les aéroports de Moscou ont été touchés.

3 d’entre eux ont interrompu leurs activités pendant plus de six heures

Une cinquantaine de vols ont été retardés.

Le Kremlin a commenté par la voie de son porte-parole Dmitry Peskov: selon lui l’attaque sur des cibles civiles montre encore une fois la vraie nature du régime de Kiev qui est faite d’ennemis de la Russie.

Les attaques sur des cibles civiles sont des décisions contestables, et qui doivent être contestées.

Mais ce Dmitry Peskov a oublié de dire, c’est que la même nuit la Russie a envoyé 46 drones sur l’Ukraine, dont 38 ont été abattus.

Des drones qui s’ajoutent aux milliers de projectiles que Moscou a envoyé sur l’Ukraine depuis le 24 février 2022.

Le mois d’août qui vient de s’achever est d’ailleurs l’un des plus meurtriers de l’année selon l’ONU.

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Donc si j’entreprends d’analyser la stratégie ukrainienne derrière ces frappes, il me semble que la première raison c’est un simple effet de miroir.

Les Russes attaquent, les Ukrainiens répliquent. Et ainsi de suite et ainsi de suite. Ce conflit n’est pas le premier cas.

C’est ce qu’on voit dans ces largages de drones suicides, mais aussi dans les duels d’artillerie qui touchent les régions frontalières.

Kharkiv souffre beaucoup côté ukrainien.

A cinquante kilomètres côté russe, Belgorod n’est pas indemne non plus et accuse de lourdes pertes.

Deuxièmement, ce sont des frappes qui visent à amener la guerre sur le sol russe

C’est aussi une raison qui a été avancée pour justifier l’opération à Koursk.

afin de traumatiser la population, de lui faire comprendre le mal qu’elle fait à l’Ukraine, et de la pousser à faire pression sur le Kremlin.

Ca, pour être honnête, c'est très hypothétique.

Cela n'a pas marché sur les Ukrainiens, cela ne marchera probablement pas sur les Russes,

d'autant que la structure du pouvoir est différente et que sa propension à prendre en compte l'opinion publique, ou en tout cas les revendications de sa population, est très limitée.

Troisièmement, ces frappes visent à affaiblir la profondeur russe.

On a vu ces dernières semaines, ces derniers mois, des frappes sur des aérodromes et des infrastructures énergétiques.

Aujourd'hui, en dehors des villes, ce sont des aéroports qui ont été ciblés et qui ont du interrompre leurs activités.

C'est un exemple de la guerre asymétrique que l'Ukraine mène et qui a porté ses fruits en mer Noire.

Un pays sans flotte a réussi à détruire un tiers de la flotte russe et de chasser le reste sur les côtes Est.

Avec ses raids de drones, l’Ukraine ne va pas détruire Moscou, ne va pas détruire ses aéroports, ne va pas détruire sa flotte militaire.

Mais elle a déjà forcé le haut commandement russe à stationner ses bombardiers plus loin de la frontière

à fortifier ses bases arrières

à perturber la vie de centaines de milliers, si ce n’est plus, de citoyens russes.

Alors peut-être qu’elle peut aussi perturber l’énorme trafic aérien qui transite par Moscou.

Si la capitale de 21 millions d’habitants ne peut plus se servir de ses aéroports géants, ce sera un coup dur à son rayonnement économique.

Tout cela s’inscrit, quatrièmement, dans une montée en puissance évidente des capacités ukrainiennes.

144 drones interceptés, si le chiffre est correct, c’est beaucoup.

Cela s’ajoute à l’annonce hier du haut commandement ukrainien qui indique avoir réduit l'écart entre les stocks et l’usage d’obus d’artillerie avec l’armée russe.

Au printemps, les Russes tiraient 10 fois ce que les Ukrainiens tiraient

Selon le haut commandement, ce ne serait plus que 1,5 fois, deux fois ce que les Russes tirent.

A voir si cette estimation est fiable, mais en tout, il y a une montée en puissance indéniable sur certains aspects de la chose militaire.

Je dis certains aspects car, de toute évidence, cela n’arrête pas la progression russe dans le Donbass.

Cinquièmement, ces frappes de drones s’inscrivent dans une stratégie de préparation à l’ouverture éventuelles de négociations de paix, en fonction des résultats des élections américaines.

Koursk, le remaniement ministériel, ces frappes dans la profondeur russe, tout va dans la même direction:

L’Ukraine ne va pas gagner la guerre avec ces opérations.

mais Kyiv veut avoir un gouvernement fonctionnel et arriver en position de force dans le cas où s’ouvriraient des pourparlers.

Ce qui pose la question, évidemment, de la livraison et de l’utilisation de missiles balistiques occidentaux.

L’Ukraine le demande vertement.

On voit ce qu’elle peut faire avec des simples drones bon marché.

Si elle avait accès à ces missiles dans une quantité suffisante, elle pourrait sans aucun doute affaiblir durablement la profondeur russe.

A condition qu’elle ne s’en serve pas sur des cibles civiles comme avec les drones, ce qui est aussi un risque à considérer.

POur l’instant, les occidentaux refusent, Américains en tête.

Et ce malgré le fait que l’Iran a livré des missiles balistiques à la Russie.

J’en avais fait une vidéo hier, ça a été confirmé aujourd’hui 10 septembre.

Les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne ont déjà annoncé de nouvelles sanctions contre les individus et entités impliquées dans le programme de missiles.

Mais le fait que l’Iran et la Corée du nord contribuent directement à l’effort de guerre russe ne semble pas, pour l’instant, faire bouger les Américains.

Et probablement, rien ne bougera avant novembre et l’élection présidentielle.

Merci!

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