Pourquoi les Ukrainiens reculent de partout?
Les forces armées ukrainiennes perdent pied à Koursk.
En tout cas elle a perdu l’initiative. Et pas seulement à Koursk
A l’approche de l’hiver la situation se complique sérieusement sur plusieurs fronts.
Bonjour à tous, c’est Sébastien, bienvenue dans cette vidéo où l’on analyse les derniers reculs ukrainiens dans différents secteurs,
des reculs qui ne sont en rien compensés par le soutien occidental, alors que Volodymyr Zelensky s’apprête à dévoiler son plan de la victoire au public demain 16 octobre.
Donc ces derniers jours, les nouvelles s’accumulent d’avancées russes et de retraits ukrainiens.
Cela ne veut pas dire que tous les fronts s’effondrent, mais qu’il y a effectivement une accumulation de faiblesses ukrainiennes et de coups de force russes.
En témoigne ce graphique, c’est en ukrainien mais la tendance est facilement compréhensible:
la Russie a conquis en 2 mois 5 fois plus de territoire que pendant toute l’année 2023.
Pendant le premier semestre 2024, elle a peiné à capturer 200 kilomètres carrés.
En juin elle a pris 351 kilomètres carrés,
Et en septembre 468 kilomètres carrés.
On voit donc une accélération de la tendance, qui se traduit par les avancées que l’on a analysé ici: Avdiivka, Vulhedar, la poussée sur Pokrovsk
Sur le front de l’est, les Russes ont bien pénétré jusqu’au centre-ville de Toretsk.
Le grignotage se poursuit à partir de Vulhedar, ça je l’avais dit dans une vidéo précédente, vu que cette ville est entourée par la steppe, il faut s’attendre à une avancée rapide des Russes jusqu’aux prochains obstacles urbains.
Sur le front sud, on observe une poussée aussi, qui a d’ores et déjà annulé tous les gains territoriaux ukrainiens de l’offensive échouée de l’été 2023.
Au nord, les autorités régionales viennent d’ordonner l’évacuation obligatoire de la ville de Koupiansk, les attaques sont trop dévastatrices.
Dans le même secteur, les Russes se rapprochent de la frontière Sokil, ce qui complique la défense des positions ukrainiennes.
Dans ce recul généralisé, les Ukrainiens regardent donc vers les rares points qu’ils ont marqué en 2024, c’est-à-dire l’opération à Koursk
Et là aussi, les Ukrainiens ont clairement perdu l’initiative
Leurs flancs ouest sont enfoncés et le territoire qu’ils contrôlent en Russie se réduit comme peau de chagrin.
Ils ont déjà perdu un tiers du territoire conquis en août, de plus de 1000 kilomètres carrés à environ 700 aujourd’hui.
La contre-contre-offensive que les forces armées ukrainiennes ont lancé à la mi-septembre ne permet apparemment pas une exploitation d’un nouvel axe au sud de la rivière Sejm.
Les Russes ont de toutes les manières rétabli un lien routier entre ce sud de la rivière Sejm et le reste de l’oblast de Koursk.
Donc les troupes qui s’y trouvaient isolées sont désenclavées et tout l’effort russe se concentre sur la reprise des positions ukrainiennes.
On le voit, tout cela est lent, sur ce front et sur les autres et que ce soit les Russes ou les Ukrainiens ont de sérieux problèmes de capacités
Mais il semble bien que les Ukrainiens sont en bien plus mauvaise posture que leurs ennemis.
Manque de personnel et fatigue des troupes, manque d’équipement et de munitions, faible couverture aérienne
Qui s’ajoutent au manque de positions fortifiées quand les Ukrainiens se replient.
Ils abandonnent des positions très bien défendues pour tout devoir reconstruire à la hâte quelques kilomètres plus loin
Mais ils manquent de temps et de moyens pour reconstituer une ligne de défense solide.
Ce qui pose évidemment la question de la résistance de Kyiv sur le long-terme, cet hiver mais aussi au-delà.
et des choix qui ont été faits par le haut commandement.
Dès le début, l’opération à Koursk était un pari très risqué.
Elle n’a conduit ni à un effondrement politique russe, ni à un allègement du dispositif offensif sur le front de l’est.
Alors si l’Ukraine ne peut pas garder ses conquêtes et en faire un levier dans d’éventuelles négociations, tout cela n’aura servi à rien
Sans doute au prix de lourdes pertes humaines et matérielles.
La stratégie du haut commandement ukrainien et de Volodymyr Zelensky est donc mise en cause
Surtout que le plan de la victoire du président ukrainien n’a apparemment pas soulevé l’enthousiasme des partenaires occidentaux.
Joe Biden avait reporté un sommet Ramstein au niveau des chefs d’Etat et de gouvernement à cause de l’ouragan Milton en FLoride
Et là l’ouragan est passé, Joe Biden se rend en Allemagne, mais c’est seulement pour rencontrer le chancelier Olaf Scholz.
Il n’y aura pas de Ramstein cette fois-ci, et il est difficile de comprendre quand il il pourrait se tenir compte tenu du calendrier électoral américain.
Donc c’est une sacrée déconvenue pour Volodymyr Zelensky
qui a résolu de dévoiler son plan de la victoire au grand public demain, 16 octobre.
Mais ça apparaît plus comme un geste désespéré pour maintenir une pression par l’opinion publique plutôt que d’une stratégie concertée entre les alliés.
Des alliés qui multiplient les déclarations de soutien, les programmes d’aide, mais qui ne semblent pas prêts à vraiment s’investir plus avant l’élection américaine.
Et pendant ce temps, l’envoi par la Corée du nord de soldats en Ukraine semble se confirmer.
Ces derniers jours on a de plus en plus de signes, et on parlerait de plusieurs milliers de militaires…
Est-ce que cela constitue une escalade que les Occidentaux redoutent tant?
On a des condamnations, des sanctions à l’encontre de Pyongyang mais aussi de l’Iran mais pas de réponse symétrique.
Et encore une fois, au point où l’on en est, il est clair que rien ne se passera avant l’élection américaine.
Merci à vous