RFI: L’enterrement d’un enfant ravive une ancienne querelle religieuse en Ukraine

Papier diffusé dans les journaux de la matinale, sur RFI, le 06/01/2017

En Ukraine, les chrétiens orthodoxes célèbrent aujourd’hui, 6 janvier, la veille de Noël, selon le calendrier julien. Mais la mort dramatique d’un enfant d’un an ravive une ancienne querelle religieuse. Le défunt avait été baptisé auprès du patriarcat chrétien orthodoxe de Kiev, mais les parents ont tenté de le faire enterrer par un prêtre du patriarcat chrétien orthodoxe de Moscou. Celui-ci a refusé. La tension entre les deux branches de l’Eglise orthodoxe reflète l’affrontement géopolitique entre l’Ukraine et la Russie. A Lviv, Sébastien Gobert

Des poupées se multiplient aux portes des églises du patriarcat de Moscou. A travers toute l’Ukraine, des fidèles indignés ont choisi ce symbole pour protester contre l’intransigeance de son clergé. La flashmob, lancée sur Facebook, relaie la détresse des parents de l’enfant défunt. Ceux-ci considéraient les patriarcats de Moscou et de Kiev comme deux branches d’une même Eglise orthodoxe, Comme de nombreux Ukrainiens, ils ne faisaient guère de différence au quotidien. Dans la ville industrielle de Zaporijia, théâtre du drame, comme dans d’autres centres urbains de l’est de l’Ukraine, une église orthodoxe ressemble à autre une église orthodoxe, confessent les habitants. De fait, le rite est identique, mais la distinction est politique. Le patriarcat de Kiev a été créé en 1992, après la chute de l’URSS, comme un attribut d’indépendance pour la jeune Ukraine. Le patriarcat de Moscou n’a jamais reconnu ce concurrent, et ses paroisses sont restées solidement implantées en Ukraine. L’animosité s’est néanmoins accrue au fil des ans. Elle est exacerbée depuis 2014, dans le contexte de guerre hybride entre les deux pays. Le patriarcat de Moscou est historiquement très lié au pouvoir politique russe, et il est souvent dénoncé comme un agent d’influence du Kremlin. L’émoi provoqué par l’enterrement de cet enfant nourrit le désarroi des fidèles et ravive les critiques. Ces poupées sur les parvis des églises pourraient faire trembler l’assise du patriarcat de Moscou en Ukraine.

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