RFI: Prise d’otages avortée à Kharkiv
Papier diffusé dans les journaux de la matinale, sur RFI, le 31/12/2017
Journée du 30 décembre sous haute tension à Kharkiv, grande ville à l’est de l’Ukraine. Un homme y avait pris en otage 11 personnes, dont deux enfants, dans un bureau de poste. Il menaçait de faire exploser une ceinture d’explosifs. La police l’a finalement arrêté. L’incident est toutefois révélateur d’une hausse du crime en Ukraine, et des conséquences de la guerre à à l’est. Depuis Lviv, en Ukraine, Sébastien Gobert
C’est à 12h40, heure de Kiev, que la police reçoit l’alerte. Un homme se dit armé d’explosifs, s’est enfermé dans un bureau de poste de Kharkiv, et retient 11 personnes en otage. Les autorités se mobilisent vite: elles veulent faire de ce cas un exemple de leur efficacité. Des unités spéciales sont dépêchées depuis Kiev, et le ministre de l’intérieur informe les Ukrainiens en temps réel sur les réseaux sociaux. L’assaillant relâche d’abord 5 otages, dont deux enfants. En début de soirée, il est neutralisé au cours d’une opération de police très médiatisée. L’agresseur souffre visiblement de troubles psychologiques et n’offre guère de résistance. Ses motifs restent flous. Soit une tentative de cambriolage, soit une protestation contre la conduite gouvernementale de la guerre du Donbass. Toujours est-il qu’il encourt désormais de 7 à 15 ans de prison. Ce genre de situation est inédite en Ukraine. Elle est néanmoins le symptôme d’une hausse progressive de la criminalité dans le pays, accentuée par la circulation des armes à feu depuis le début de la guerre du Donbass en 2014. Sur les 12 derniers mois, les forces de l’ordre auraient procédé à plus de 8000 saisies d’armes illégales, selon le chef de la police nationale Serhiy Kniazev. Cette hausse de la criminalité, associée au climat de tensions politiques, mais aussi d’instabilité économique, pourrait continuer à marquer l’Ukraine pendant l’année 2018.