Victoire de Trump: catastrophe pour l’Ukraine?

C’est donc Donald Trump qui remporte l’élection présidentielle américaine avec une avance nette

L’ancien 45ème président des Etats-Unis devient donc le 47ème président des Etats-Unis

Et comme on parle toujours de la première puissance mondiale, l’issue de ce vote aura un impact direct sur un grand nombre de dossiers géopolitiques,

de l’Indo-Pacifique au Proche orient

et évidemment dans le contexte de la guerre russe en Ukraine

Si Kamala Harris avait gagné, elle aurait continué la politique de l’administration Biden, donc c’aurait été plus ou moins prévisible.

Avec Donald Trump, rien de prévisible au contraire et on plonge dans l’inconnu.

Alors, qu’est-ce que la victoire de Trump implique pour l’Ukraine?

Bonjour à tous, c’est Sébastien, et bienvenue dans cette vidéo pour quelques réflexions à chaud à l’élection de Donald Trump et à ses implications pour la guerre en cours en Ukraine

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Volodymyr Zelensky a été très prompt à féliciter Donald Trump sur X / Twitter

En espérant travailler avec le vainqueur pour apporter une paix juste pour l’Ukraine à travers le principe de la “paix par la force”

On a tout de suite noté que le Président ukrainien ne parle plus de victoire pour l’Ukraine

Toute l’initiative du plan de la victoire que Volodymyr Zelensky a tenté de pousser ces dernières semaines, c’est probablement rendu caduque

et puis clairement les questions d’adhésion à l’Otan ou d’autorisation d’utiliser des missiles balistiques dans la profondeur russe, c’est mis en suspens

Et c’est pour cela que les partenaires de l’Ukraine ne voulaient pas se prononcer sur ce plan de la victoire avant le 5 novembre.

Mais au-delà de cette initiative du plan de la victoire qui est gelée, peut-être enterrée,

en général ce matin, la victoire de Donald Trump est accueillie avec une certaine inquiétude mais surtout beaucoup de questions.

pas forcément de la stupeur car les Ukrainiens s’étaient préparés à l’idée

et depuis 2022 ils étaient assez frustrés par la politique de l’administration Biden

de soutenir trop peu, trop tard, pour permettre à l’Ukraine de ne pas perdre mais sans lui permettre de gagner…

donc la perspective de la continuation avec Kamala Harris n’était pas enthousiasmante

Mais Donald Trump qui revient au pouvoir, c’est un saut dans l’inconnu.

On connaît les liens personnels entre Donald Trump et Vladimir Poutine,

L’admiration que l’Américain a pour le Russe et les hommes forts en général

la manière dont les Russes ont cultivé Donald Trump depuis son premier voyage en URSS en 1987

Tout cela est très bien documenté, je vous mets des liens dans la description de cette vidéo.

On sait aussi que Donald Trump a une relation difficile avec l’Ukraine, on se rappelle du scandale du coup de téléphone en 2019 qui avait conduit à la première procédure en impeachment contre Donald Trump

L’équipe de Donald Trump avait utilisé des personnalités controversées et corrompues en Ukraine pour tenter da fabriquer des preuves compromettantes contre Joe Biden et son fils Hunter.

Donc une histoire assez sordide.

Plus récemment, son colistier, JD Vance, a ouvertement dit qu’il n’en avait rien à faire de l’Ukraine

Pour autant, est-ce que Donald Trump va commencer son second mandat en offrant sur un plateau une victoire au Kremlin comme on le dit très souvent?

Ca c’est beaucoup moins sûr

On a beaucoup commenté la déclaration de Donald Trump affirmant qu’il s’il avait été président en 2022 l’invasion n’aurait jamais été déclenchée

ou qu’une fois réélu, il réglerait la question en 24h

C’étaient des déclarations à la Trump, ce qui veut dire qu’on ne sait pas ce qu’elles valaient

Ni s’il y avait un plan derrière pour effectivement régler la question en 24h

Et de fait on n’en sait rien, et il y a de grandes chances que Donald Trump et son équipe n’en sachent pas plus

Il y a plusieurs scénarios:

Début octobre, on a eu vent par le New York Times d’une ébauche de plan qui implique un gel du conflit

la création de zones tampon de part et d’autre de ce qui est aujourd’hui la ligne de front

le déploiement de forces de maintien de la paix, a priori des forces européennes plutôt que des casques bleus de l’Onu

On sait que Donald Trump méprise l’ONU et les institutions multilatérales et qu’il demande aux Européens de contribuer à leur propre sécurité

Cette ébauche de plan implique aussi l’abandon des ambitions ukrainiennes de rejoindre l’Otan

Ce plan, s’il était mis en oeuvre, conduirait au mieux à un gel du conflit qui, on le sait, ne serait qu’une pause avant la reprise des hostilités

Puisque Vladimir Poutine sentirait la faiblesse des Occidentaux et l’exploiterait pour pousser son avantage

il l’a déjà fait, il le refera

il a annexé sur le papier 4 régions d’Ukraine plus la Crimée donc il ne peut pas se satisfaire, au vu de son ordre constitutionnel, d’un gel du conflit le long des lignes actuelles

Sachant qu’un gel du conflit n’offrira pas à Vladimir Poutine son but ultime: annihiler la souveraineté ukrainienne et ramener le pays tout entier dans le giron russe

Les Ukrainiens ne se satisferaient pas non plus d’un gel du conflit, pour eux ce serait catastrophique

en termes politiques évidemment mais aussi en matière de retour des réfugiés, de reconstruction, de déminage, de développement à long-terme…

Donc un gel du conflit ne serait qu’une pause mais il est possible que cette option soit mise en oeuvre pour obtenir des résultats rapides.

Pour pousser Vladimir Poutine à la table de négociations, Donald Trump a plusieurs leviers, par exemple celui des prix des hydrocarbures.

Un de ses conseillers républicains a déjà évoqué la possibilité d’inonder les marchés mondiaux avec du pétrole et du gaz américains

afin de faire baisser les prix et de nuire à l’économie russe

ce qui serait un sacré levier pour pousser les Russes vers des négociations.

Bon mais ça c’est si Donald Trump veut mettre en place ce plan qui serait assez favorable aux intérêts russes

et il faudrait aussi voir comment les Ukrainiens acceptent ce développement

Mais Donald Trump, c’est un homme d’affaires, un CEO

Et il doit aussi comprendre que quand le Congrès américain a déboursé 61 milliards de dollars pour l’Ukraine en avril

deux tiers ne sont pas allés à l’Ukraine mais au complexe militaro-industriel américain.

Donc c’est avant tout les entreprises américaines qui ont besoin de cet argent

En plus, Donald Trump est très anti-chinois, il l’a déjà démontré par le passé

il peut aussi comprendre qu’assurer une victoire à Vladimir Poutine enverra un message de faiblesse à Xi Jinping

compte tenu de l’alliance de fait entre la Russie et la Chine

Donc la victoire de Donald Trump n’implique pas forcément un arrêt brutal du soutien américain à l’Ukraine

Il est difficile d’imaginer un accroissement de cette aide, une promesse d’adhésion à l’Otan ou

l’autorisation d’utiliser des missiles balistiques dans la profondeur russe

Mais un arrêt brutal de l’aide, ce n’est pas forcément dans les cartons de l’équipe Trump

Il faut aussi se rappeler que c’était sous le premier mandat de Trump que l’Ukraine avait reçu de l’équipement offensif

notamment des lance-missiles anti-char Javelin

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Donc cette élection américaine ouvre un champ des possibles assez large pour l’Ukraine, pour le pire et pour le meilleur

La victoire de Trump a des implications conséquentes pour les Etats-Unis évidemment, pour l’ordre international,

le modèle de démocratie libérale, la montée des populismes et des autocraties à travers le monde

On voit que les Ukrainiens tentent de manoeuvrer dans les évolutions de cet environnement géopolitique qui les impacte directement

mais une autre grande question c’est celle du rôle des Européens dans les enjeux de sécurité sur leur propre continent

Est-ce qu’ils vont réussir à trouver leur propre voix et à mettre en place leur propre politique de sécurité

face à cet adversaire systémique qu’est la Russie?

Est-ce qu’ils en ont la volonté, les capacités, et surtout le temps?

Et comment est-ce que la Russie, la Chine, la Corée du nord et l’Iran vont adapter leurs politiques à cette victoire de Donald Trump?

Encore une fois, avec son retour à la Maison blanche, on retombe dans le domaine de l’imprévisible.

Merci!