Le Monde Diplomatique: Naissance d'un bloc de l'atome en Europe de l'Est

Reportage co-réalisé avec Hélène Bienvenu, publié dans Le Monde Diplomatique, édition de juillet 2013

Alors que l’Allemagne conduit à marche forcée son programme de sortie du nucléaire, ses voisins de l’Est relancent la construction de réacteurs. Pour la Hongrie, la Pologne, la République tchèque et la Slovaquie, il s’agit de conquérir leur indépendance énergétique par rapport au gaz russe. Mais Moscou vendrait volontiers des centrales à ses anciens satellites…

Moustache soignée, regard fixe, M. János Hajdú affiche une satisfaction sincère. « La centrale nucléaire est la meilleure chose qui nous soit jamais arrivée. » Au-dessus de son bureau, le maire de Paks a accroché le drapeau de sa ville, qui arbore le symbole argenté de l’atome. « Paks est une petite ville de dix-neuf mille cinq cents habitants, mais les salaires y sont plus élevés que la moyenne nationale, et nos infrastructures sont de meilleure qualité. On vient de tout le pays pour visiter la centrale. C’est notre fierté. » Sur les bords du Danube, au centre de la Hongrie, le nucléaire ne semble pas faire débat. M. Hajdú, fervent promoteur de l’atome, en veut pour preuve sa réélection, en octobre 2010, pour un troisième mandat d’affilée. « Le gouvernement parle maintenant d’agrandir la centrale. Nous attendons cela avec impatience, car le pays y gagnera en indépendance énergétique, et la ville en dynamisme. »

Une coopération datant de l’époque soviétique

A moins de cinq kilomètres de là, au bout d’une petite route bordée d’arbres, les deux blocs d’un vert délavé de la MVM Paksi Atomerőmű, la centrale de Paks, abritent une activité débordante. L’air jovial, M. Csaba Dohóczki, chargé de communication du complexe, nous assure de la sécurité optimale du site : « Plus de deux mille quatre cents personnes travaillent ici. Vous le voyez, c’est une véritable fourmilière. » Après de rapides contrôles, il entraîne le visiteur dans les méandres du bloc des unités n° 1 et 2. Ici s’est produit en avril 2003 un incident, classé 3 sur l’échelle internationale des événements nucléaires (International Nuclear Event Scale, INES). lors du rechargement annuel du combustible du réacteur n° 2, qui est resté hors service pendant près de dix-huit mois. « Nous avons reçu l’aval des autorités de sûreté hongroise et internationales pour redémarrer l’exploitation. Début 2012, nous avons passé sans difficulté les tests de résistance de la Commission européenne. Et à la fin de l’année, la durée d’opération du réacteur (...)

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