Le Monde Diplomatique: Veillée d'armes au Donbass
Article co-rédigé avec Laurent Geslin, publié dans Le Monde Diplomatique, édition de décembre 2014
De chaque côté de la ligne de front, l’arrivée de nouvelles armes laisse redouter une reprise des combats dans le Donbass. La victoire des partis ukrainistes à l’ouest et l’incapacité de la « communauté internationale » à rechercher un compromis poussent chaque camp à miser sur la force. Séparées de Kiev depuis six mois, les régions contrôlées par les rebelles s’organisent en ordre dispersé. Dimitri revient parfois prendre des nouvelles de ses anciens voisins, qui habitent encore le quartier en ruine de Putilovka, à deux kilomètres de l’aéroport de Donetsk, dans la région orientale de l’Ukraine. Des explosions ont emporté le toit des bâtisses, les incendies ont noirci les murs de briques. Quelques combattants s’accroupissent devant un foyer où chauffe une cafetière. « Nous ne recevons aucune aide », se désole le vieil homme, en contemplant un tas de gravats et des poutrelles de métal tordues. Dimitri dort chez des parents. D’autres ont préféré fuir à Kiev ou en Russie. Selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), plus de huit cent trente mille personnes ont quitté leur foyer depuis le début d’une guerre qui a déjà officiellement fait plus de quatre mille morts. Ceux qui sont restés tentent de survivre comme ils le peuvent. Le travail se fait rare. Beaucoup d’entreprises, de magasins, ainsi que la grande majorité des banques ont fermé leurs portes sur le territoire des « Républiques populaires » autoproclamées de Donetsk (DNR) et de Lougansk (LNR). Tous les jours, les files s’allongent devant les bureaux de poste où les gens se font envoyer de l’argent. « Je vis sur mes économies, mais elles vont bientôt s’épuiser »,explique Alexeï, un mineur à la retraite.Mardi 4 novembre, le premier ministre ukrainien, M. Arseni Iatseniouk, annonçait l’arrêt des financements publics en direction des régions contrôlées par les rebelles : « Si nous versons aujourd’hui ces sommes, l’argent n’ira pas au peuple mais sera volé par les gangsters russes et servira surtout à soutenir le terrorisme russe », justifiait-il. Le 15 novembre, le président Petro Porochenko confirmait le retrait de tous les services publics et entreprises d’Etat. Ces mesures risquent d’éloigner encore un peu plus les zones en sécession. Toutefois, si le gouvernement ne paie plus les salaires des fonctionnaires et gèle les 34 milliards de hryvnias (1,7 milliard d’euros) initialement destinés à ces régions en 2014, il a (...)Lire le reste de l'article ici (accès abonnés)