RFI: Tolérance Corruption zéro pour la nouvelle police

Article publié sur le site de RFI, le 10/07/2015

Une nouvelle police a été présentée en grande pompe le 4 juillet dans le centre de Kiev. Le nom « police » tranche avec l’appellation traditionnelle de « milice » héritée de l’Union soviétique. Mais plus qu’une question de symbole, on espère que ses recrues qui sont jeunes, bien entraînées et bien payées seront aussi incorruptibles.Screen Shot 2015-07-15 at 15.41.50

C’est la réforme la plus visible du gouvernement ukrainien. Près de 2 000 nouveaux agents affectés à la police de Kiev ont prêté serment officiellement le 4 juillet dernier sur l’une des principales places de la capitale en présence du président de l’Ukraine, Petro Porochenko, du Premier ministre, Arseni Iatseniouk, et de tout un parterre de personnalités et de journalistes. Bien en rang, vêtus d’uniformes neufs tout juste importés des Etats-Unis et dotés de voitures neuves, ces agents avaient l’air fier, droit et enthousiaste. Parmi les recrues de la nouvelle police de Kiev, environ 27 % de femmes, ce qui en fait l’une des plus féminisées en Europe !La foule qui assistait à la présentation était elle aussi enjouée. Tout le samedi, les nouveaux policiers ont déambulé sous le soleil à travers les rues de la capitale avec leurs familles, applaudis, encouragés et pris en photo par les habitants. Jusqu’à 9 heures du soir, où ils ont officiellement pris leurs fonctions et commencé à remplacer l’ancienne milice.Trois fois le salaire d’un milicienLa réforme a été pilotée par la vice-ministre de l’Intérieur, Ekaterina Zguladze, qui avait codirigé il y a quelques années la réforme de la police dans sa Géorgie natale. La logique de cette petite révolution, c’est de se débarrasser des anciennes unités de milice et de police de la route, qui sont critiquées comme incompétentes, peu qualifiées et surtout très corrompues. En Géorgie, le gouvernement avait pris des mesures de choc en divisant les effectifs de la police par deux en l'espace de quelques semaines, ce qui avait produit des résultats remarquables. En Ukraine, elle n’a pas pu faire la même chose. Mais elle commence avec cette expérience de quelque 2 000 policiers basés à Kiev.Ils sont jeunes, pour la plupart de moins de 35 ans, ils ont été recrutés et formés pendant des mois et surtout, ils sont bien payés : environ 350 euros par mois, soit près de trois fois le salaire d’un milicien. L’idée étant de supprimer les raisons de demander des pots-de-vin, d’éradiquer tout risque de corruption et d’adopter une tolérance zéro avec les officiers corrompus. Si cela se concrétise à Kiev, l’expérience doit être étendue à toute l’Ukraine.Cette réforme a-t-elle des chances de réussir ? C’est là tout l’enjeu. Il y a des critères esthétiques évidents, comme ne plus devoir verser de bakchich à chaque contrôle routier. Ou encore, les Kiéviens s’émerveillent de voir la nouvelle police lutter contre les parkings illégaux qui encombrent les trottoirs de la capitale. Mais à côté de cette nouvelle police, les autres unités des forces de l’ordre ne changent pas, par exemple, les services secrets ou les forces anti-émeutes.Le patron de la police, le ministre de l’Intérieur, Arsen Avakov, a une réputation toujours plus sulfureuse. Autre point très important : la réforme de la justice est au point mort. Aussi comment imaginer que les policiers effectuent un travail crédible si les tribunaux demeurent aussi opaques et si les magistrats sont aussi corrompus qu’auparavant ? Au-delà du changement de style, des beaux uniformes et des voitures neuves, les Ukrainiens attendent toujours des réformes en profondeur. Et durables.

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