Le Monde Diplomatique: L'Ukraine livrée aux maladies infectieuses

Article publié dans Le Monde Diplomatique, édition de mai 2016

En dépit des promesses du nouveau pouvoir, la corruption sévit toujours en Ukraine, deux ans après la révolte de Maïdan (la place de l’Indépendance). Dans le secteur de la santé, l’argent public peine à parvenir aux malades. La situation sanitaire, plombée par des années de déliquescence économique, est encore aggravée par la guerre, comme en témoigne la recrudescence des maladies infectieuses.

 Screen Shot 2016-04-29 at 13.30.49La santé publique ? Cela n’a jamais été une priorité en Ukraine. Nous n’avons jamais perçu une volonté politique forte d’œuvrer au bien-être de la population. Alors, quand il s’agit de maladies considérées comme “socialement dangereuses”, telles que le VIH-sida ou la tuberculose, je peux vous assurer que notre travail est loin d’être facile… » Sur le visage de Mme Svitlana Moroz se dessine un sourire amer, de ceux dont on se fait une carapace contre l’adversité. Affalée sur le canapé à fleurs délavé du local de l’association Noviy Den (« nouveau jour » en russe), entre des piles de documents jaunis et de cartons de préservatifs, la jeune femme semble perdue.A Kramatorsk, dans la partie du Donbass sous contrôle ukrainien, Noviy Den offre une assistance sociale et juridique à quelque cinq cents personnes atteintes du VIH. de la tuberculose et d’autres maladies infectieuses. Sur la fenêtre, un carré de tissu jaune affiche les noms de patients de l’association décédés des suites de leur maladie. En 2015, le sida a emporté 29 personnes à Kramatorsk. « Le plus frustrant, c’est que les outils existent pour que des personnes séropositives ou tuberculeuses soient bien diagnostiquées, bien traitées et mènent une vie normale, soupire Mme Moroz. Mais, en Ukraine, on est loin de pouvoir assurer une existence digne à la plupart des patients. Le système médical est rigide, inadapté, discriminatoire et corrompu. Et la guerre n’a rien arrangé. »Les locaux de Noviy Den n’ont matériellement pas souffert du conflit qui déchire la région depuis le printemps 2014. A Kramatorsk, ancien centre névralgique du complexe industriel du Donbass, passé sous contrôle des groupes armés séparatistes entre avril et juillet 2014, on vit au rythme d’affrontements sporadiques le long de la ligne de front, à soixante kilomètres au sud. Les activités de l’association comme le système de santé ont été bouleversés par la division de la région. Dans le seul oblast (région) de Donetsk, environ (...)Lire le reste de l'article (accès abonnés)

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