France Culture: Hystérie et Inquiétudes à Kiev
Papier radio diffusé sur France Culture, le 11/08/2016Hystérie et inquiétudes en Ukraine, suite aux incidents le long de la frontière avec la Crimée annexée par la Russie. Le Kremlin accuse les services ukrainiens d’avoir conduit une opération de sabotage sur la péninsule, qui aurait mené à la mort de deux soldats russes. Des accusations rejetées par Kiev, qui y voit le risque d’un prétexte à une nouvelle intervention. Ce serait un "fantasme d’été" du Kremlin. Le Président Petro Porochenko a rejeté avec ironie les accusations de la Russie. “Après avoir nié pendant deux ans la présence de troupes russes dans l’est de l’Ukraine, c’est un nouveau pas dans la stupidité et le cynisme”, le chef de l’Etat a continué. Une défiance qui est largement partagée en Ukraine, que ce soit dans les milieux politiques comme dans les médias ou les réseaux sociaux. “La Russie a oublié ce que sont le terrorisme et les opérations spéciales”, s’emporte le député Moustafa Naiiem, en rappelant quelques-unes des manoeuvres russes pour envahir la Crimée en 2014, et entretenir un conflit hybride sanglant dans le Donbass. Experts et observateurs à Kiev font valoir l’absence de preuves qui pourraient avérer que les combats dénoncés par les Russes aient simplement eu lieu. Même l’identité des supposés terroristes ukrainiens est remise en question. Au-delà de l’ironie et du déni, c’est néanmoins l’inquiétude qui domine en Ukraine. Sur les réseaux sociaux, on rappelle que la Russie a pris pour habitude de mener des opérations militaires pendant les Jeux Olympiques, que ce soit en Géorgie en 2008, ou en Crimée en 2014. Les experts militaires ukrainiens ont noté depuis plusieurs jours une concentration de troupes russes inédites dans le nord de la Crimée. Sur le front de l’est, les combats sont de plus en plus violents et meurtriers. Les belligérants se rejettent la faute de l’escalade, et tout semble réuni pour une nouvelle explosion de violences.