Edito LLB: Décider du sort de l’Ukraine avec les Ukrainiens

Edito publié dans La Libre Belgique, le 29/01/2022

Russie, Otan, États-Unis, guerre froide, invasion... La presse internationale déroule des mots très évocateurs pour analyser les tensions provoquées par le déploiement de plus de 100 000 soldats russes à la frontière ukrainienne. Ici on montre les muscles, là on multiplie les déclarations alarmistes, là encore on mène des séances de négociations sans Rn. Va-t-on vers un affrontement généralisé entre la Russie et l’Otan ? Il y a de quoi faire trembler aux quatre coins du continent européen, et au-delà. Mais cette anxiété prend-elle en compte les principaux intéressés, les Ukrainiens ?

Les Occidentaux assurent que les intérêts de leurs protégés ukrainiens sont bel et bien pris en compte. Mais on ne peut que s’interroger. Que ce soit à Bruxelles, à Genève ou à Washington, les Ukrainiens sont avant tout consultés, sans être associés à la prise de décision. À Kiev, on redoute que la tension autour de la sécurité du continent ne devienne si intenable que les Occidentaux arrêtent une solution sur l’Ukraine - sans les Ukrainiens.

L’inquiétude n’est pas récente. Depuis 2014, Kiev reproche aux diplomates, français et allemands en premier lieu, de vouloir imposer une fédéralisation du pays. Celle-ci paralyserait le pays mais permet de satisfaire, au moins un temps, l’appétit du Kremlin. Certes, régler le sort du monde entre grandes puissances, comme Vladimir Poutine tente de le faire avec Joe Biden et, la semaine prochaine avec Xi Jinping, a ses avantages en matière d’edcacité. Mais passer par-dessus la tête des Ukrainiens, ce serait le risque de s’aliéner la Rdélité d’alliés qui ont prouvé à de nombreuses reprises leur attachement aux valeurs démocratiques et à l’intégration européenne. Et l’effet sur le long terme pourrait être désastreux. Les noms de Versailles, Trianon, Munich ou Yalta résonnent dans l’histoire comme des tocsins pour les nationalismes revanchards. Ne tombons pas dans le piège. Alors que Vladimir Poutine menace de faire revivre au Vieux Continent ses heures sombres du XXe siècle, il faut au contraire voir une opportunité de repenser une architecture de sécurité européenne du XXIe siècle, à l’écoute des peuples concernés. Ce qui inclut les Ukrainiens et bien évidemment les Russes. À supposer que ceux-ci puissent s’exprimer de leur propre voix.

--> Notre dossier sur le con0it ukrainien < https://www.lalibre.be/dossier /international/europe/2022/01/26/lukraine-et-la-menace-militaire-russe- LESZLXX24RHVTDHDPBMLY6S7II/ >

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