Edito LLB: Décidons de notre propre engagement

Edito publié dans La Libre Belgique, le 20/04/2022

"L'opération spéciale russe en Ukraine s'est transformée en ce que l'on peut facilement qualiGer de Troisième Guerre mondiale." Comme à son habitude, Olga Skabeïeva, l'une des propagandistes du Kremlin, use d'un ton lapidaire pour conclure "qu'en ce moment nous combattons si ce n'est l'Otan elle- même, au moins contre les infrastructures de l'Otan. Par extension, nous combattons les États-Unis".

On peut minimiser l'assertion, justiGée par le naufrage du navire amiral de la Uotte de la mer Noire "Moskva", comme une énième diatribe des agents de désinformation du Kremlin, maîtres d'une pratique orwellienne de la communication politique. Reste que la sortie d'Olga Skabeïeva s'ajoute, entre autres, à un long texte de l'ancien Premier ministre Medvedev qualiGant l'État polonais de "nazi" ou encore à l'un de ses tweets associant les sanctions économiques occidentales à un "acte de guerre".

La porte-parole du ministère des Affaires étrangères Maria Zakharova n’a-t-elle pas estimé que la "dénaziGcation" de l’Allemagne n’était pas allée su^samment loin après 1945, compte tenu de la volonté de Berlin de fournir des armes à Kiev? Tout cela doit nous interroger, à l’heure où nos dirigeants rivalisent de prudence rhétorique pour ne pas apparaître comme cobelligérants de la guerre atroce qui se joue en Ukraine. À quoi sert donc une telle circonspection si le Kremlin peut faire de nous, du jour au lendemain, des cobelligérants et des Nazis ?

Vladimir Poutine a fait de Volodymyr Zelensky, d'origine juive, un "chef d'une bande de toxicomanes et de néo-nazis" en l'espace de trois discours. Il peut le faire tout aussi aisément avec nous et être cru sur parole par une population captive. Le constat qu'il ne l'a pas encore fait doit d'ailleurs nous rassurer : Moscou n'a visiblement pas envie d'en découdre avec l'Otan. Du moins pas encore. Face à un adversaire aussi imprévisible, une seule voie impose, à nous Occidentaux : prendre la mesure de nos responsabilités et nous porter à la hauteur de nos engagements vis-à-vis de l'Ukraine.

Que l’on parle de livraisons d’armes ou d’assistance Gnancière, d’accueil des réfugiés ou de sanctions économiques et énergétiques, la solution n’est plus dans la demi-mesure, les déclarations policées ou les tergiversations. Elle est dans l’a^rmation de notre politique européenne de puissance et dans notre assistance aux Ukrainiens. Leur donner les moyens de survivre à cette terrible épreuve, c’est leur offrir la possibilité de conclure cette guerre dans les conditions les plus favorables possible, dans la défense de leur liberté comme de la nôtre.

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