Edito LLB: Face à la Russie, les Européens doivent rattraper le rythme des Américains

Edito publié dans La Libre Belgique, le 28/04/2022

Plus de 40 pays, pour la plupart membres de l’Otan, étaient réunis à la base aérienne américaine de Ramstein pour décider d’un soutien accru à l’Ukraine. L’événement n’était pas qu’une séance photo. Dans la foulée, de nombreux pays, dont l’Allemagne, ont annoncé de nouveaux envois d’armes lourdes à Kiev.

Riposte cinglante du Kremlin qui dénonce une escalade et coupe le gaz à la Pologne et à la Bulgarie. Lavrov parle de troisième guerre mondiale et Poutine promet d'utiliser des armes inédites "si nécessaire". De notre côté monte une petite musique : les Américains, initiateurs de la rencontre de Ramstein, nous pousseraient dans l'engrenage malsain d'un con]it généralisé avec la Russie.

De fait, le risque est réel. Un affrontement direct avec Moscou pourrait déboucher sur le scénario du pire. Mais en rejeter la responsabilité sur les Américains serait une simpli^cation. Washington ne fait qu’avancer plus vite sur un chemin qui est également tracé pour nous, Européens. Ce sont les Russes qui nous mènent une guerre de civilisation par l’intermédiaire de leurs médias et agents d’in]uence. Ce sont bien eux qui, les premiers, ont vanté leur arsenal nucléaire et évoqué la possibilité d’une guerre mondiale et ce, ne l’oublions pas, depuis 2014. C’est bien Poutine qui a rompu les canaux de la diplomatie et s’est engagé dans une logique maximaliste en lançant son invasion barbare, le 24 février.

Macron, Scholz ou même Erdogan ne demandaient pas mieux que de continuer les pourparlers pour apaiser les tensions. Ils se sont tous cassé le nez sur le mur d’intransigeance du Kremlin et se sont retrouvés plongés, bien malgré eux, dans une logique de guerre. Dans ce contexte, les intérêts fondamentaux des Européens sont les mêmes que ceux des Américains : revenir à un état de paix juste et durable en Europe. Bien sûr, un embargo sur les importations énergétiques russes nous affectera plus que les Américains outre-Atlantique. Mais nous savons bien que cette décision est quasiment inévitable: on ne peut continuer indé^niment de renforcer les capacités de défense des Ukrainiens tout en ^nançant, par nos achats d'hyrocarbures, l'armée de Poutine. Que l'on ait la sensation que les Américains nous y poussent ou non ne change rien au fait que nous devrons nous passer du gaz et du pétrole russes très prochainement.

Aussi cette question doit être abordée différemment : au lieu d’imputer la faute d’une escalade aux États- Unis, les Européens se doivent de continuer à monter en puissance pour s’imposer au centre du jeu. Beaucoup a été fait. Mais si la guerre continue et si les menaces russes persistent, c’est que ce n’est toujours pas sufsant. Il nous faut rattraper le rythme des Américains pour nous donner les moyens d’assurer la sécurité de notre propre continent.

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