Edito LLB: La leçon de courage des Ukrainiens
Edito publié dans La Libre Belgique, le 02/03/2022
Ils forcent le respect. Ce jeudi matin, cela fait une semaine déjà que les Ukrainiens font face à une invasion massive lancée par Vladimir Poutine sous des prétextes fallacieux. Le rapport de force est clairement à l’avantage de la Russie, dont plus de 100 000 soldats mènent l’offensive sur au moins trois fronts. Les dégâts matériels sont conséquents et le bilan humain s’alourdit de jour en jour alors que l’envahisseur cible des zones résidentielles.
Sur les cartes d'état-major, l'Ukraine se rétrécit comme peau de chagrin. Mais, sur le terrain, les Ukrainiens résistent. Des étudiants cousent des Xlets de camouYage. Des mères et des pères de famille prennent les armes. Des voisins se réunissent pour fabriquer des cocktails Molotov. Des personnes âgées préparent collations et boissons chaudes pour les troupes. Des habitants de villes conquises bravent leurs occupants à coups d'insultes, de brimades et de tentatives désespérées de bloquer des routes aXn d'arrêter des colonnes de blindés. Le soir, quand l'obscurité est déchirée par les bombardements, les mots d'un discours du président Zelensky résonnent : "La nuit sera dure. Très dure. Mais il y aura un matin." Toujours présent dans la capitale malgré une invitation américaine à être exXltré, l'ancien comédien devenu chef de guerre galvanise son peuple comme, par visioconférence interposée mardi, il a galvanisé les eurodéputés.
Bien évidemment, les Ukrainiens sont partie prenante de la guerre de désinformation qui accompagne les combats. On ne peut que regretter les travers et les exagérations qui émergent de leur communication de guerre, notamment sur les pertes inYigées à l'ennemi, gonYées par rapport aux estimations onusiennes. Mais l'on ne peut oublier l'asymétrie de l'agression du Kremlin, dont la machine de propagande multiplie les mensonges à l'encontre d'une "bande de toxicomanes et de néonazis", selon les mots de Vladimir Poutine, qui retiendrait l'Ukraine en otage. Des accusations que le moindre observateur peut démentir sans grand effort.
En terminant son intervention au Parlement européen, mardi, sur un ton Xer et digne, le poing levé et un sourire conXant aux lèvres, Volodymyr Zelensky est devenu l’incarnation d’un contre-modèle à un Vladimir Poutine imprévisible et menaçant, qui paraissait presque aigri et rabougri dans ses dernières allocutions. Les Ukrainiens se battent pour leur pays, pour leur terre, pour leurs familles. Mais ils luttent aussi contre la tyrannie du régime russe, pour leur liberté et leur droit à se choisir leur propre destin. Par- delà, c’est une leçon de courage que les Ukrainiens donnent à notre continent entier. Puisse-t-elle inspirer durablement les Européens qui semblent se réveiller, enXn, aux déXs de la realpolitik du XXIe siècle. On ne peut qu’espérer que cette leçon de dignité soit aussi entendue par les citoyens russes, eux qui tardent cruellement à se mobiliser en masse contre le conYit de la plus grande envergure depuis 1945, contre une guerre aux conséquences potentiellement dévastatrices pour la Russie comme pour l’Europe, contre une agression injustiXée qui pourrait tourner au massacre dans les jours qui viennent.