Edito LLB: L’audace est ukrainienne

Edito publié dans La Libre Belgique, le 07/12/2022

À 550 kilomètres au nord-est de la frontière ukrainienne. Et 200 kilomètres au sud-est du centre de Moscou. La ville russe de Ryazan et sa base aérienne semblaient à l’abri de tout. Autant dire que l’attaque ukrainienne, ce lundi, visant les bombardiers stationnés sur la piste a frappé les Russes de stupeur. De même que celle sur la base d’Engels, à 700 kilomètres de Kharkiv. Voilà, une fois de plus, les failles de la "deuxième armée du monde" exposées à la face de celui-ci.

Certains redoutent l’escalade et le coup de colère de l’ours russe, qui emporterait tout sur son passage. La crainte est légitime. Pourtant, ces attaques, aussi spectaculaires qu’elles soient, n’ont eu que de faibles impacts en comparaison des tirs réguliers sur la région de Belgorod, au nord de Kharkiv, ou sur la Crimée. Le territoire russe est visé depuis le printemps, sans que cela entraîne de cataclysme. Et même si les partenaires occidentaux appellent publiquement à une certaine retenue, la répétition de ces opérations sous-entend leur assentiment. Kiev ne pourrait se permettre de lancer de telles missions en désaccord avec ses alliés et soutiens. D’autant que ces coups d’éclat relèvent de la légitime défense.

Ce lundi même, 70 missiles russes étaient tirés sur des cibles civiles et énergétiques en Ukraine, tuant quatre personnes et provoquant de nouvelles coupures d’électricité. La sauvage et injusti`ée agression russe continue. Pour y répondre, les Ukrainiens s’en prennent à des sites non civils, mais bien militaires et stratégiques. Avec créativité. Avec eacacité. Avec audace. De la reconquête d’une ville à une prouesse technologique, ils nous démontrent qu’ils peuvent gagner cette guerre. Que le soutien occidental est non seulement justi`é, mais eacace. Qu’ils peuvent, au contraire des Occidentaux et de leurs sanctions, faire connaître à Vladimir Poutine un échec qu’il ressentirait dans son tréfonds. Le dictateur s’est plaint, ce mercredi, que son "opération militaire spéciale" soit plus "longue" que prévu. Il ne tient pourtant qu’à lui d’écourter le condit et d’essayer de sauver le peu d’autorité morale et politique qu’il lui reste. Sous peine de quoi ces Ukrainiens dont il nie le droit à exister lui imposeront leur propre calendrier.

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