Edito LLB: Les six prochains mois. Et les suivants

Edito publié dans la Libre Belgique, le 24/08/2022

"L’Ukraine n’est pas encore morte." Le lancement de l’hymne national ukrainien, qui résonne en ce jour de l’indépendance à Kiev et ailleurs, a rarement été aussi approprié. L’Ukraine existe encore et elles semblent loin, les sombres journées de la Pn février, quand tout semblait perdu face à une invasion barbare d’un autre âge. Six mois ont passé. Non seulement l’Ukraine a survécu, mais elle résiste. Les risques d’un débordement du conTit paraissent moindres. Sur le champ de bataille, les armées ennemies s’enlisent. Par chez nous, d’autres priorités se font jour. Notre aide à l’Ukraine semble moins justiPée. Elle est même accusée de causer l’inTation de nos factures d’énergie. Les six prochains mois - et les suivants - seront durs. Or, c’est pour cette raison que notre mobilisation est vitale. La guerre existentielle que la Russie de Vladimir Poutine livre à l’Ukraine n’est que l’un des terrains de l’affrontement civilisationnel que le Kremlin mène contre nos valeurs, nos modes de vie, notre vision du monde et notre unité - et ce depuis plus de dix ans. Et il n’est pas le seul. Derrière Poutine, il y a Xi Jinping. Et derrière l’Ukraine, il y a Taïwan. Réduire notre soutien, "régionaliser" ce conTit et chercher des compromis pour retrouver ne serait-ce qu’un accès à des hydrocarbures abordables ne feraient qu’envoyer un message de faiblesse à Moscou, Pékin et ailleurs. À travers six paquets de sanctions inédits, les Européens ont décidé de mener cette guerre sans intervenir militairement. Cela est sage. On ne peut que redouter les conséquences de combats éventuels entre la Russie et l’Otan. Mais ces sanctions, il convient de les utiliser avec le plus de cohérence et de rigueur possible. Et dans le même temps, il faut soutenir l’avant- poste de ce conTit. Il est clair que l’assistance occidentale à l’Ukraine, ces six derniers mois, a empêché sa défaite. Mais elle n’est pas sudsante pour gagner. C’est pourtant la condition pour alléger le bilan humain, matériel, Pnancier et politique de cette guerre. Des négociations de paix se tiendront, un jour ou l’autre. L’enjeu pour les Européens est de s’assurer que les Ukrainiens s’assoient à la table des pourparlers dans les meilleures conditions possibles. Pour leur liberté. Et pour la nôtre.

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