Edito LLB: Les sursauts d’un animal blessé

Edito publié dans la Libre Belgique, le 22/09/2022

"J'ai lancé une guerre injustiGée sur des prétextes fallacieux. Je veux annexer les territoires que j'occupe avec une brutalité inouïe. Et si quelqu'un tente de me les reprendre, j'invoquerai le principe onusien de l'intégrité territoriale de mon État souverain et je le menacerai d'une attaque nucléaire." C'est en substance ce qu'aurait pu déclarer Vladimir Poutine lors de sa dernière logorrhée télévisée, mercredi matin. À supposer qu'il ait une once d'honnêteté en lui.

Au lieu de cela, il s'est de nouveau efforcé de se présenter comme victime de "néonazis" ukrainiens et d'Occidentaux déterminés à "détruire" son pays. "Protecteur", le maître du Kremlin a encore projeté l'ombre de sa toute-puissance nucléaire. Pourtant, il ne peut ni cacher les déroutes militaires de ces dernières semaines, ni les di]cultés, certes sectorielles, que lui imputent les sanctions occidentales.

En décrétant une mobilisation partielle malgré ses assurances répétées de ne pas recourir à une telle mesure, le régime sape encore un peu plus sa légitimité populaire. Les annonces de référendums truqués à la hâte et de réquisition de chair à canon supplémentaire ne sont en fait que des sursauts désespérés d’un homme aux abois tentant de sauver ses maigres acquis en Ukraine avant l’hiver.

Bien sûr, Vladimir Poutine dispose d’une réelle capacité de nuisance et sa menace nucléaire est à prendre au sérieux. Rien n’est plus dangereux qu’un animal blessé, dit le dicton. Reste que cette perspective, très hypothétique, ne peut entamer ni la résistance des Ukrainiens ni la détermination occidentale. On le voit : ensemble, ils font plier un dictateur qui a entrepris d’anéantir un pays indépendant et de mettre à bas nos valeurs, nos démocraties et nos espoirs. Ce que les gesticulations de Vladimir Poutine révèlent, une fois de plus, c’est qu’il n’est pas prêt à perdre ce coneit. Probablement ne le sera-t-il jamais. Quelles que soient les évolutions militaires sur le terrain ukrainien, cette guerre ne sera véritablement terminée qu’avec, a minima, la Gn du règne de cet ancien lieutenant- colonel du KGB.

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