Edito LLB: Volodymyr Zelensky, une erreur indélébile

Edito publié dans la Libre Belgique, le 17/11/2022

Volodymyr Zelensky, “communicant en chef” d’un pays en guerre totale, est connu pour ses discours forts et sa communication léchée. Des erreurs, on ne lui en a pas reproché beaucoup. Ce qui rend d’autant plus aPigeante son obstination, mercredi, à attribuer la chute meurtrière d'un missile dans l’est de la Pologne à la Russie. Le rétropédalage embarrassé du président ukrainien, jeudi, a contribué à apaiser les tensions mais n’a en rien redoré le blason de sa crédibilité. Son insistance à contredire ses alliés occidentaux, au risque de les pousser un peu plus vers une confrontation directe avec la Russie, restera comme une tache indélébile.

La prochaine fois que M. Zelensky donnera une leçon de morale aux Occidentaux pour exiger leur soutien, cette séquence ressortira, à tort ou à raison. Il y aura toujours des soi-disant experts, des blogueurs, voire une perdante frustrée à une élection présidentielle française pour exploiter la confusion et prétendre que l’une ou l’autre partie dissimule des informations.

Au-delà, cette erreur met en lumière le fait que les Ukrainiens usent, eux aussi, de propagande et de désinformation dans leur lutte contre l’agression russe depuis 2014. Hier comme aujourd’hui, la prise de distance, l’analyse froide et la pondération s’imposent. Il n’est pas pour autant question d’oublier l’asymétrie vertigineuse entre désinformation ukrainienne et russe: Moscou s’emploie à déstabiliser l’ordre international et semer mort et destructions en Ukraine et ailleurs tout en masquant ses méfaits. Le verdict dans le procès sur l’attaque contre le Boeing MH17 en 2014, rendu jeudi, est une piqure de rappel, s’il en fallait une.

Kiev, de son côté, est engagée dans la défense de sa souveraineté et la survie de son pays. C’est ce qui a du motiver, du moins en partie, l’insistance de M. Zelensky, confronté à des frappes de missiles constantes ou encore à la découverte de chambres de tortures russes dans Kherson libéré. Son erreur de communication est grave et restera attachée à son nom. Mais, quel que soit le responsable du projectile écrasé en Pologne, la coupable n’est autre que la Russie de Vladimir Poutine, obstinée dans ses atrocités sans nom.

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