Géorgie: 50 jours de mobilisation sans perspectives
Hier 16 janvier, le mouvement de protestations en Géorgie a passé le cap des 50 jours
depuis le 28 novembre 2024 et la suspension du processus d’intégration européenne par le gouvernement.
ce sont des manifestations quotidiennes, sous une forme ou une autre,
sachant que les protestations de rue sont très régulières depuis les élections législatives du 26 octobre et bien avant
en opposition au régime de l’oligarque Bidzina Ivanishvili.
Bonjour à tous, c’est Sébastien, bienvenue dans cette nouvelle vidéo où on fait un petit point sur la situation en Géorgie
les protestations continuent, mais elles ne réussissent pas pour l’instant à faire vaciller le pouvoir qui n’hésite pas à employer la violence.
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Donc hier, 16 janvier, la Géorgie a passé le cap des 50 jours de protestations quotidiennes
je rappelle, les manifestants contestent les fraudes électorales de l’élection du 26 octobre, la suspension du processus d’intégration européenne le 28 novembre
et plus généralement la dérive autoritaire du régime de l’oligarque Bidzina Ivanishvili et son ancrage de plus en plus marqué à la Russie.
Des mouvements qui prennent des formes différentes
On voit qu’il y a moins de personnes dans les rues qu’il y a quelques semaines
et il n’y a pas d’occupation de lieux publics comme cela avait été le cas dans le centre de Kyiv en 2013-2014
Une nouvelle loi a récemment durci les conditions des rassemblements publics et des mouvements de rue,
par exemple il est répréhensible pour un groupe de rester debout trop longtemps dans un espace public car cela serait assimilé à un blocage de la rue
donc sur cette vidéo, on voit les manifestants marcher en boucle d’un bout d’un passage piéton à un autre, pour rester en mouvement
tout en bloquant effectivement la rue
Le 15 janvier, l’opposition a aussi tenté d’appelé à une grève générale
qui a été un succès relatif
500 entreprises ont rejoint le mouvement,
d’autres, notamment les deux grandes banques du pays - TBC et Bank of Georgia
ont autorisé leurs employés à faire grève
Une grande firme pharmaceutique a procédé à une grève symbolique de 5 minutes…
En tout, cette grève s’est traduite par un arrêt de l’activité de ces 500 entreprises pendant 3 heures et d’une nouvelle manifestation
ça a surtout permis de jauger les inquiétudes des milieux d’affaires
qui se préoccupent d’un possible isolement du pays ou du renforcement de sanctions occidentales - je vais y revenir.
Mais pour l’instant il faut dire que la Géorgie va bien
le pays a enregistré un taux de croissance de 9% en 2024
on prévoit environ 5% en 2025
évidemment le gouvernement s’en félicite en considérant que ces bons chiffres sont dus à sa bonne gouvernance.
La Géorgie dispose d’un PIB de 30 milliards de dollars,
ce qui est très peu dans la région, par rapport aux quelque 130 milliards de dollars du PIB ukrainien malgré l’invasion
mais c’est tout de même un quart de plus que sa voisine l’Arménie et le double de la Moldavie,
la Moldavie étant une des championnes de l’intégration européenne en ce moment.
Donc le gouvernement de Bidzina Ivanishvili a de sérieux arguments économiques pour défendre sa politique
ce que n’avait pas Viktor Ianoukovitch en Ukraine en 2013 - 2014
Cela étant dit, le durcissement de la politique de l’oligarque Bidzina Ivanishvili et les effets des sanctions n’ont pas été prises en compte dans les prévisions macroéconomiques
donc il est possible que la situation économique ne reste pas aussi florissante.
On verra ce qu’il en sera dans les prochains mois.
Mais cette journée de grève, et d’autres mouvements,
ont permis de constater encore une fois la violence du régime,
qui sous-traite à des groupes de casseurs professionnels, dans la région on les appelle des Titouchki ce qui est encore une référence ukrainienne
pour réprimer les manifestants
on a ces dernières semaines une avalanche de vidéos prouvant des attaques presque gratuites dans les rues
par exemple ici ce sont des grévistes qui rejoignaient une manifestation le 15 janvier,
là, encore un autre
Dans un hôtel de Batoumi, c’est l’ancien Premier ministre qui a été pris à partie dans le hall d’un hôtel
il a du être soigné à l’hôpital
on a des dizaines de cas d’attaques par des titouchki
mais aussi des cas d’intimidations, de pressions et d’arrestations qui se traduisent par des procédures judiciaires expédiées
des amendes et des détentions prolongées.
Le but, il est évident, c’est de faire plier l’opposition
et de décourager les manifestants.
ce qui est tout à fait possible
étant donné les bons indicateurs économiques dont j’ai parlé
mais aussi le fait que le pouvoir ignore tout simplement les manifestants
pour l’instant, les protestataires n’ont pas réussi à causer de sérieux problèmes au gouvernement ou à perturber la vie du pays
les sanctions américaines, et peut-être bientôt britanniques ne sont pas de nature à faire plier le régime
qui a du voir le coup venir et prendre ses précautions
et donc en l’état il faudra soit une dégradation de la situation économique et sociale
soit une accumulation d’erreurs du gouvernement qui mécontenterait une part grandissante de la population, notamment concernant le recours de la violence,
soit, et ça serait la condition ultime, une victoire de l’Ukraine ou une défaite de la Russie qui redistribue les cartes dans la région de la mer noire
mais ça, on en est assez loin.
Après, il faut apprécier le mouvement dans sa profondeur et ne pas céder au diktat de notre époque qui est l’instantanéité.
je fais cette vidéo parce que précisément il y a 50 jours de manifestations quotidiennes
et donc une détermination à toute épreuve des protestataires.
Les fondamentaux de l’affrontement sont toujours là,
et donc il faut rester ouvert à la perspective d’une surprise et à un renversement de situation.
On va continuer à suivre tout ça sur cette chaîne,
Merci