RFI: Signature du Tomos d’autocéphalie de l’Eglise orthodoxe d’Ukraine

Papier diffusé dans les journaux de la matinale, sur RFI, le 06/01/2019

C’est la concrétisation d’une décision historique pour l’Ukraine. Hier, 5 janvier, Bartholomée Ier, le patriarche oecuménique orthodoxe de Constantinople, ancien nom d’Istanbul, a signé le tomos d’autocéphalie, c’est-à-dire la déclaration d’indépendance de l’Eglise orthodoxe ukrainienne. Elle rompt ainsi avec l’Eglise russe. A Kiev et à Moscou, les réactions sont très vives. Depuis Lviv, Sébastien Gobert.

“Dans le ciel de Kiev, on a vu le soleil pour la première fois en un mois. C’est un signe que l’on se réjouissait pour l’Ukraine là-haut”. Ce sont les mots de la très célèbre et patriote romancière Oksana Zabouzhko ne le cache pas: elle en a eu les larmes aux yeux, tant la signature du Tomos est un évènement historique. Elle coïncide par ailleurs avec la date du Noël orthodoxe, le 6 janvier au soir. La décision de Constantinople met fin à plus de 300 ans de rattachement du clergé ukrainien à l’Eglise orthodoxe russe. Moscou conteste cette indépendance, soutenu par plusieurs autres patriarcats en Europe. Reste que l’Eglise russe risque de perdre le contrôle de milliers de paroisses et de plusieurs monastères prestigieux en Ukraine. Beaucoup redoutent que l’application du Tomos n’engendre des controverses politiques en cette année électorale, voire des des violences entre paroissiens. Il n’empêche que c’est un séisme dans la géopolitique religieuse, qui remet en cause l’ambition de Vladimir Poutine de faire de la Russie le leader du monde orthodoxe. Ironie de l’histoire: c’est en annexant la Crimée en 2014 et en soutenant une guerre à visage masqué dans l’est de l’Ukraine que le Kremlin a poussé à cette rupture civilisationnelle.

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